Violence Masculine: des femmes camerounaises qui ne verront pas 2013

29 décembre 2012

Violence Masculine: des femmes camerounaises qui ne verront pas 2013

Battues, certaines ont succombé aux coups de leurs époux, fiancés, petits amis en 2012. D’autres gardent des séquelles physiques toute leur vie.

 

La peur de dénoncer domine

 En cette soirée de samedi du mois de décembre 2012, plusieurs personnes sont en larmes devant un domicile au quartier Bilongué, à Douala au Cameroun. « Je ne peux pas le croire. Non! », s’écrie une femme, qui écoutait une minute plus tôt le témoignage d’une autre. « Non! », poursuit-elle. Une autre, préfère aller voir pour croire. Et là, devant le fait, des larmes jaillissent inconsciemment sur son visage.

 Devant ce corps filiforme baignant dans une mare de sang, les seins déchiquetés, les parties intimes sorties de leur cachette, elle ne parvient pas à retenir sa douleur. « Elle avait toute l’avenir devant elle. Quel monstre », lance-t-elle en pleurs. Elle, c’est Fanny Metafeu, 20 ans. Le monstre, son petit ami, Eric Djomo, 32 ans. Le spectacle affecte les cœurs les plus endurcis. Nul ne résiste à la sauvagerie du geste.

Fanny Metafeu a succombé aux coups de son petit ami, Eric Djomo. La jeune fille  a été battue avant d’être froidement poignardée par ce dernier. Ses seins déchiquetés prouvent le passage de plusieurs coups de poignards. Ses parties intimes, le même calvaire. « Mon Dieu! Elle a souffert avant de mourir », lance un homme, la voix enrouée. Eric Djomo, son petit ami,  n’a pas accepté  la séparation. Fanny Metafeu ne voulait plus de lui. Depuis deux mois, la jeune fille avait mis fin à leur relation. «Nous avons dissuadé Fanny de fréquenter ce garçon. Il la battait tous les jours, quand ils se rencontraient», raconte Jean-Bernard Nde, le beau-frère de Fanny Metafeu.  Comme Fanny Metafeu, de nombreuses femmes camerounaises ont succombé aux coups de leurs petits amis, fiancés et époux durant l’année 2012. Elles ne pourront pas voir 2013.

Son bébé a été volé

57 ans et Violée dans une cellule pour hommes

En effet, au petit matin du 9 octobre 2012.  Il est environ 4h 13 minutes. Hawa Ibrahim, une jeune fille âgée de 21 ans  est retrouvée morte au domicile de son petit ami au quartier Bonamoussadi à Douala. Elle vient ainsi de succomber aux coups de poignard de son copain. «Elle l’aimait trop », explique sa mère. Un amour qui lui a ôté la vie. Malgré l’arrestation de son copain, le mal est fait. Françoise Moukalla, 43 ans, a reçu le 18 avril 2012, un coup de poignard similaire dans la gorge. Elle était en pleine dispute avec  Romuald Edimo, 48 ans, son époux, dans leur chambre au quartier Bessengué à Douala. Après ce geste, l’homme s’est donné la mort. Avec un message sur leur penderie : « Y’a un temps pour tout. Vive l’amour ! ». A Bafoussam, à Garoua, à Yaoundé et dans d’autres villes du Cameroun, elles ont perdu leur vie en 2012, sous les coups de leur partenaire.

Certaines, comme Lucrèce Ngono Obia 57 ans, violée dans une cellule pour homme au commissariat du 2è de Yaoundé, et mère de sept enfants, ne parviennent pas à oublier 2012. Le regard perdu dans les vagues, indifférence à leur entourage, elles ne savent plus où elles se trouvent.

Et la mort ne tarde pas à priver des millions d’enfants de leur maman. Comme ce fut le cas cette année 2012

Selon l’Enquête Démographique et de Santé faite au Cameroun en  2004, 78% de femmes ont subi une violence physique modérée, 32% ont été giflées, 16% ont été poussées, traînées ou jetées par terre et 16% sont victimes de violences sexuelles. Ces femmes, sont battues tous les jours sans jamais broncher. Elles subissent au quotidien des violences qu’elles refusent de dénoncer. Elles préfèrent garder silence, de peur de trahir leurs époux, copains et fiancés. Evelyne Kouam est battue depuis 25 ans. Sur sa figure, les coups de poing de son époux ont laissé des cicatrices désagréables au fil des années. La sexagénaire n’a jamais trahi son époux.  «Depuis que je suis née, maman n’a jamais passé une soirée sans subir les coups de papa. Elle ne s’est jamais plainte. Elle nous a interdits de le dénoncer », explique sa fille de 19 ans. D’après la ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille du Cameroun, Marie-Thérèse Abena Ondoa, ces femmes ont peur des réactions de leur conjoint et la honte du regard de l’autre. Du coup, elles préfèrent rester avec leur peine. Marie-Thérèse Abena Ondoa évoque surtout le silence des victimes et le manque d’action des institutions concernées. Elle explique que des milliers de femmes subissent au quotidien ces violences dans des foyers. Et la mort ne tarde pas à priver des millions d’enfants de leur maman. Comme ce fut le cas cette année 2012.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires

josianekouagheu
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Moi je suis une femme. Une future mère et épouse. Que ferai-je demain si je subis les coups de mon époux? Aurai-je la force de dénoncer? Le ferai-je pour mes enfants? Oui je pense....

josephine
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merci Josiane pour cet article qui nous garde à l'esprit ce combat

josianekouagheu
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C'est un combat noble Joséphine. Les enfants, innocents ont besoin de notre force, bonne année 2013...

Marc Chouamo
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Au fil des ans, on croyait se diriger vers un monde de plus en plus moderne et conscient mais c'est tout le contraire à la lumière des faits que vous exposez, c'est vers la barbarie que l'on se redirige. Le spectacle est tout à fait monstrueux, que le seigneur puisse nous venir en aide. Très bonne enquête en passant Josiane, mes félicitations

boris sande
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slt josiane

boris sande
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Slt Josiane c'est bien de militer pour les âmes perdues

boris sande
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l'affaire c poursuit il.je veux dire si les autorités compétentes s'en occupent de cette affaire

boris sande
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la vie offre des meilleurs choses et parfois nous les arraches sans qu'on ne sans n'aperçoit.il est difficile de vivre sans être confronter aux situation pires et mauvaises.ces actes ce justifient d'une manière ou d'une autre.mais alors faudra qu'on condamne les coupables de ces actes de la plus bonne des manière.soyons prudent dans nos relations et essayons de toujours mener celles qui sont pacifiques