Djébalè: une île oubliée derrière Douala

20 janvier 2013

Djébalè: une île oubliée derrière Douala

Cette étendue de terre émergée dans le Wouri, l’un des plus grands fleuves du Cameroun, est abandonnée à elle-même. Ses habitants n’ont ni eau potable, ni électricité…Découverte par les Allemands en 1800, elle est pourtant située à Douala, porte d’entrée et de sortie de la sous-région Afrique centrale.

« Vous connaissez Djébalè ? ». Posez cette question à 100 Camerounais, 98 répondront: « heu, c’est quel quartier déjà ? ». D’autres vous diront: « ah oui c’est le petit village situé quelque part là ? ». Quelque part là sans plus. Voilà comment ils parlent de l’île de Djébalè, une étendue de terre émergée dans le Wouri, l’un des plus grands fleuves du Cameroun. Cette  île est pourtant située en plein cœur de la capitale économique du Cameroun, Douala, porte d’entrée et de sortie de la sous-région Afrique centrale. Comment ont-ils pu oublier un village pareil ? Serait-on tenté de se demander. C’est que, l’île n’a pas connue de développement depuis la période coloniale. C’est un village occupé par  le peuple Sawa, les Douala comme on les appelle ici. C’est surtout un village perdu dans Douala…

"Crédit photo: Josiane Kouagheu et Marie Louise Mamgué"
« Crédit photo: Josiane Kouagheu et Marie Louise Mamgué »

De la pirogue pour se rendre à Djébalè

Lorsque le simple voyageur veut se rendre sur l’île, il rencontre des difficultés au niveau du transport. Hormis les samedis matin et soir, aucune autre pirogue ne se rend à Djébalè, sauf pour des occasions rares. Le visiteur commence donc par chercher son « piroguier ». Une équation difficile à résoudre. En effet, le piroguier que l’on trouve fait un aller et retour. On le prend donc en course. Il faut payer le prix! ( plus cher à pirogue à moteur et moins cher à pirogue à pagaie). Après accord, le voyage peut commencer. Le départ a lieu sur les berges de Bonassama, quartier qui jouxte Djébalè.

Un paysage féérique

Le voyageur est ébloui par ce qu’il rencontre. Le paysage est à couper le souffle. Entre les cocotiers aux branches longues qui balaient la surface de l’eau et la mangrove innocente, son regard se régale de la pudeur de l’espace. Il est bercé par les chants des oiseaux multicolores qui s’envolent au dessus de lui. Lorsque sa pirogue rencontre une autre, il entend  des  «Mone (bonjour) », « E-mala-ne » (comment ça va ?) » par-ci et des « Wala bwam (au revoir) » par-là. Une manière de célébrer la rencontre en mer.

"Crédit photo: Josiane Kouagheu et Marie Louise"
« Crédit photo: Josiane Kouagheu et Marie Louise »

Il était une fois, en 1800

15 minutes plus tard (s’il a pris la pirogue à moteur), il voit au loin, apparaître les premières maisons de l’île. Pur style colonial. Plus proche, il remarque des murs défraîchis et les toits jaunis par la force du temps, les premières maisons de Djébalè. Et lorsque la pirogue accoste, des maisons, construites pour la plupart en matériaux provisoires sont visibles. A la chefferie, le chef du village, Isaac Dibobe vous accueille. « Bienvenu à Djébalè », vous dit-il d’entrée de jeu. Et là, comme un conteur autour du feu, il vous raconte l’histoire de son île qui l’a vu grandir il y a plus d’un demi-siècle. Issac Dibobè (il faut préciser sa majesté), vous amène sur la route de son île. « C’est en 1800 que les Allemands ont découvert Djébalè durant leur présence au Cameroun « .

Au départ, une femme sirène nommée Djobalè. Et aujourd’hui, un village sans eau, ni électricité…

Le nom de l’île est trouvé par l’épouse du 1er noir à arriver sur les lieux. La légende dit qu’il sortait avec une femme sirène nommée Djobalè. Une femme avec laquelle il aurait eu plusieurs enfants. D’où le nom Djébalè. Malgré cette histoire si merveilleuse, le village est malheureux. « Nous n’avons pas d’eau potable, encore moins d’électricité », explique le chef Issac Dibobé, les larmes aux yeux. L’unique source d’électrification dont dispose l’île est l’énergie solaire. Un dispositif insuffisant vu l’espacement des maisons.

 

"Crédit photo: Josiane Kouagheu"
« Crédit photo: Josiane Kouagheu »

Une seule école, un sol riche en pétrole et l’exode rural!

La seule école de l’île est l’école publique de Djébalè. Après l’obtention de leur Certificat d’études primaires (Cep), les jeunes vont poursuivre leurs études ailleurs. D’autres ne reviennent jamais, arguant qu’il n’y a pas « de distraction sur l’île ». Seuls les vieillards et des pêcheurs restent à Djébalè. Leurs femmes cultivent du manioc, des plantains et des grains de courge. Chaque samedi, elles vont au marché de Bonassama (à 200 F.Cfa de transport) écouler leur marchandise.  Le sol riche en pétrole n’est pas encore exploité. A quelques mètres de l’île, d’autres quartiers de Douala vivent avec de l’eau, de l’électricité et des d’écoles. Djébalè semble être l’orphelin d’une mère qui aime seulement « certains de ses enfants » …

Situation:

Nom: Île de Djébalè

Emplacement: Arrondissement de Douala 4ème 

Superficie: 80 hectares

Population: 800 âmes

Langue: Duala

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Commentaires

ghislaine digona
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l'histoire écrite de djébalè est aussi vive qu'une présence physique, les mots pour la décrire arrivent aisément. ce qui veut dire que pr une journaliste coe tw tu as bien de qualité pr rayonner les textes et les faire comprendre simplement. tn travail est d'une ardeur appréciable et enviable . je te connais, je sais comment tu raisonnes. je t'encourage je t'envie

ghislaine digona
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je te félicite

josianekouagheu
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Tu sais Ghislaine je pense qu'il y a tellement d'histoires à raconter sur notre pays. Voilà pourquoi il est nécessaire de le faire. Et n'oublie pas que malgré tout, il faut (même si on est étudiante en journalisme), parler de tout ce qui peut être changé

boban
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iinotre beau pays a besoin d'infrastructure et un peu de considération pour les plus démunies

boban
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nayons un tout petit peu de considération pour les plus démunies déja qui ne méritent pas cette sitiuation dans notre beau pays le cameroun

mboundja
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je suis contant de voir comment on parle de mon beau pti village que j'aime temps

Same
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Waouhhhh très bien parlé de mon beau petit village...

Christian OSSONO
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Avec le 3è pont sur le Wouri annoncé, l'île va peut-être connaître des bouleversements positifs. Croisons les doigts et mettons-nous au travail pour en profiter..