«Le président», le film qui tourmente le Cameroun

Article : «Le président», le film qui tourmente le Cameroun
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24 mars 2013

«Le président», le film qui tourmente le Cameroun

Il n’est pas encore sorti dans les salles du pays – si salles il y en a bien sûr – mais il fait déjà trembler la république. Le film dérange, agace, tourmente et interpelle. Personne n’ose en parler à découvert. Le critiquer ? Il faut être un directeur de publication courageux comme Haman Mana pour oser le faire. Il faut surtout avoir le courage de parler du nouveau long-métrage Jean-Pierre Bekolo.

« Le président ». On en parle tellement que je ne pouvais pas ne pas vous raconter l’histoire. Au fond, c’est une histoire que l’on raconte souvent entre amis. Dans les bars, on en parle sans se protéger. Seulement, Jean-Pierre Bekolo a décidé de promener sa caméra sur cette réalité.

Résumé : Un président, après des décennies au pouvoir, dans un pays qui vit jusqu’ici « tranquillement », quitte le palais présidentiel, avec un chauffeur et un garde du corps, fatigué. « Le président » voyage vers un lieu inconnu. Sans aviser ses proches. Le pays entre en ébullition. « Où est passé le président ? », s’interrogent les télévisions, radios, collaborateurs et habitants sans trouver la réponse. Certains essaient d’expliquer la constitution, sans succès. Pourtant, le président se trouve dans un village. Il joue au golf et vit « simplement ». Il rencontre son épouse décédée, dans un lieu paradisiaque. Elle lui fait redécouvrir ses erreurs. Et surtout l’agitation qui se déroule autour de son départ. Après 42 ans au pouvoir « le président » s’en va. Et c’est une jeune femme, qui prend les rênes du pays. Et elle refuse tout « partage de gâteau ». Le pays sera dorénavant dirigé équitablement, semble-t-elle dire.

Pour livrer ce message, Jean-Pierre Bekolo a choisi un casting d’enfer. Gérard Essomba, le doyen des acteurs camerounais, joue le rôle du président. Valsero, le rappeur aux mots durs, joue celui du critique acerbe du pouvoir. Et comme si ces icônes ne suffisaient pas, le film semble voué à une censure.

« Je n’ai pas fait un film pour qu’il dérange, le plus important était d’ouvrir, de traiter de l’état mental de la société », justifie le réalisateur.

Pourtant, de l’avis de plusieurs journaux, le ministre de la culture a reçu une demande d’explication de la présidence de la République.

Finalement, c’est quoi un film? Une réalité ? Une fiction ? Ou alors une réalité peinte en fiction ? J’ai vu la série américaine 24 heures chrono. J’ai vu comment un film pouvait être une réalité. Le destin d’un président noir s’est concrétisé en réalité, avec l’élection de Barack Obama. Malheureusement, au Cameroun, c’est une autre histoire qui s’impose. La fiction est donc réalité ?

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Commentaires

keitamamady
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Beau billet Josiane. Félicitation.Ce film me tente vraiment.Je pense que j'aurais la chance de le voir

josianekouagheu
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Merci Mamady. Moi aussi, j'espère que tu verras ce beau film. Moi aussi, je rêve de posséder la copie originale...

Osman Jérôme
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Il nous fallait aussi une blogueuse de ta trempe pour nous parler de ce film. Merci pour le partage Josiane. Je ne suis pas un cinéphile, mais ton billet est une invitation à regarder ce long-métrage qui, semble-t-il, n’est ni réel ni fictif. Qui sait, qui sera, verra.

josianekouagheu
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Qui vivra verra. Ce film raconte l'histoire que plusieurs milliers de personnes ont en commun dans le monde, Osman

Serge
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Francis Ford Copala:"on dit que l'art doit imiter la réalité, mais quand cela arrive, c'est tellement étrange."

josianekouagheu
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Tu parles Serge. Lorsque j'étais au secondaire, on nous expliquait lors des séances de lecture que l'art imitait comme tu dis la réalité. Malheureusement, il y a comme une volonté d'éteindre la réalité...

nathyk
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Phrase véridique Serges ! très beau billet Josie !

josianekouagheu
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Merci Nathyk. Sauf que j'aimerai tellement voir ce film dans les salles...

Boukari Ouédraogo
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Censurer un film, c'est faire sa promotion.

josianekouagheu
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Du coup, on parle et ça donne un coup de pub Boukari...

Aphtal CISSE
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Censuré ou pas, copie originale ou piratée, Josiane, fais moi parvenir ce film. Apparemment, le cinéma camerounais renaît. Vers un Yaoundéhood?
De toutes façons, Président n'est pas éternel. Au lieu de regarder le film et cogiter dessus, il veut muscler.
Qui vivra verra.
Aphtal

josianekouagheu
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T'en fais pas Aphtal, tu l'auras. Apparemment, certaines personnes n'ont pas compris que le cinéma peut aider un peuple à grandir. Et pourquoi pas à mûrir...

KORIE
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comment y accéder a se film

etiennebilly
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Ah encore une fois tu nous sers quelques chose d’exquis.

Quelle lecture!

Et quelle analyse!

Chouette

josianekouagheu
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Merci Etienne. Chouette aussi...

Madigbè Kaba
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Josiane, merci d'avoir partagé ce film là. Tu me donne un sacré goût là pour le regarder.

josianekouagheu
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Vraiment il le faut Madigbé