Camair-Co ou la chronique d’un crash à l’horizon
Kenya Airways, Ethiopian Airlines…font la fierté de leurs pays respectifs. J’essaie depuis peu de mettre cette idée dans ma tête: elles sont toutes des compagnies africaines et se portent à peu près à 8/10. Certains de ces pays n’ont même pas le quart du pétrole Camerounais, encore moins la moitié de ses hommes d’affaires.
Pourtant, au Cameroun, voler aux couleurs nationales pour un temps indéterminé semble être un rêve que le pays espère réaliser. Quand? Trop d’espoirs a tué mon pays! Comme un enfant devant un puzzle sans solution, il tente de voler de ses propres ailes, afin au vert-rouge-jaune qui fait sa fierté. Il tente de voir sa flotte aérienne affronter le monde et partager le mythe du ciel. Seulement, la compagnie est depuis sa création, en perpétuelle turbulence. Elle cache un crash qui se précise de plus en plus à l’horizon! Elle est comme une bombe à retardement.
Comme la gestion du pays dans son ensemble, Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), la compagnie nationale aérienne, est à l’exemple de la catastrophe qui n’a que trop duré. Je ne vais pas épancher ici le chapelet des annulations des vols, des perturbations, des licenciements du personnel, du problème de remplissage de son boeing, le dja » (jamais effectif depuis 2 ans), des détournements d’argent… Il faut dire que Camair-Co n’a jamais eu un sourire radieux!
Non, je ne veux pas attiser à nouveau la colère des passagers. Vous savez, quand tu te rends compte, après avoir acheté un billet d’avion, que le service à bord ne fait pas le travail. Qu’en plus, tu perds des millions pour un retard inexplicable, tu en veux au monde entier…euh non! A Camair-Co bien sûr. Tu maudis le seigneur d’être né Camerounais (si tu l’es. Autrement, trop de regrets). Comme si moi aussi j’étais trop fière de mon pays.
Camair-Co, c’est plus de 50 milliards de F.Cfa du contribuable Camerounais. Bon moi aussi, j’ai contribué d’une certaine façon alors! Et pourquoi? Je me pose toujours une question: pourquoi injecter aveuglement des milliards dans une société qui ne rapporte rien? Il faut soutenir, les bons projets, les bonnes actions. Mais, pas des projets morts avant leur réalisation! Pas des projets qui n’avancent pas! Combien de directeurs a-t-elle eu? Combien de solutions a-t-elle trouvé face à ses problèmes? Je n’ai pas envie de le dire, tellement l’inertie semble totale. Elle trace une route dépourvue d’ambitions, de bénéfices. A quoi sert-elle à la fin? Elle est née de la défunte Camair. Personne n’a oublié qu’elle était un puits à sous. Certains de ses ex-directeurs ne sont-ils pas en prison? Remember l’affaire Camair.
En réalité, Camair-Co n’est pas différente de la Camair. Juste un nom en trop. Même attitudes, même fautes. A croire qu’elle n’a jamais quitté sa célèbre piste 12. Ce jour-là, c’était d’ailleurs avec des minutes de retard. Un vol inaugural? Mauvais début, mauvaise fin? La suite du vol n’est plus que catastrophique. L’avion dandine dans les airs. Toujours en zone de turbulence. Les passagers désertent peu à peu. Quand trouvera-t-elle le sol? Vraisemblablement jamais.
C’est toujours avec beaucoup de regrets que je me rends compte qu’une compagnie aérienne que je compare à un musée national, mieux, à une statuette de la réunification, a entamé sa course dans les ténèbres. Camair-Co est va vers un inévitable crash!
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