Cameroun: l’année 2014 sera-t-elle blanche ou noire?
2014! A chaque nouvelle année, les espoirs se déversent comme des vagues d’un océan dans les esprits. Chacun souhaite jouer sa partition dans les jours à venir. On espère alors que tout sera rose, mieux, blanc comme neige. On prie pour avoir l’ange dans sa vie. Mais, lorsqu’on est dans un pays comme le Cameroun, au lieu de rêver ainsi, on prend tout avec des pincettes. On franchit le pas de la nouvelle année comme si on allait en guerre. Rentrerai-je vivant ou pas? Ce sera blanc ou noir là-bas, au champ de bataille.
Au premier feu d’artifice du 1er janvier 2014 à 00h00 minute, ces pensées m’ont traversé l’esprit, j’ai eu cette attitude de guerrier, de manière inconsciente, comme tout camerounais. Je me suis posé à moi cette question: l’année 2014 sera-t-elle blanche ou noire? Ironique non? Je sais que ça traduit l’angoisse, la peur du futur et même à un certain niveau le pessimisme. Mais, quel camerounais n’est pas pessimiste à la fin?
Chez nous, on a pas de plan pour demain vous savez, mais pour 2035. C’est loin hein? Quand on a un président qui bat des records de longévité au pouvoir (31 ans), il y a de quoi s’inquiéter. Et 2013 me conforte dans mes pensées. Qu’est ce qui a marché durant cette année écoulée? Qu’est ce qui a changé? Difficile de répondre quand on voit qu’en 2013, rien n’a changé:
En 2013, le Cameroun dans la corruption
Le Cameroun est toujours corrompu. Il y a pourtant une lutte contre la corruption engagée par le président de la République. Toute une république est même emprisonnée (premier ministre, secrétaires d’État, ministres…): des milliards de F.Cfa sont détournés. Ça donne de sueurs froides aux jeunes chômeurs, sur-diplômés. Pas de quoi se réjouir de cette année 2014 qui s’annonce. En regardant l’année qui vient de s’écouler à travers ses faits, j’ai vraiment l’impression que rien n’a changé. Il y a eu des élections sénatoriales qui sont même entrées dans l’histoire. Mais, à quoi sert le Sénat dans un pays qui ne parvient pas à payer ses enseignants, ces donneurs de savoir, ces garants de l’avenir. A quoi sert même à la fin cette soixantaine de ministres qui constitue le gouvernement du Cameroun? A interdire aux jeunes filles de ne plus montrer leurs ventres, seins et fesses dehors? (c’était malheureusement le message fort de quatre ministres, oisifs dépassés par leurs charges). Il y a mieux à faire pourtant!
En 2013, les enfants du Cameroun étaient affamés!
Le bilan est alarmant: plus de 32,5% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique au Cameroun. Soit 3 enfants sur 10. Et en 2013, le problème n’a pas été résolu. Il aurait fallu pour cela booster l’agriculture. Mais rien n’a été fait. Les cultivateurs sont abandonnés. La banque agricole annoncée en grandes pompes, n’est pas toujours créée.
2013 et les éternels problèmes d’avant
Avant 2013, le Cameroun souffrait. En 2013, Paul Biya a dit que des choses allaient changer et des camerounais l’ont cru. La faute à ce rêve où nous nous plongeons pour fuir la cruelle vérité. Hélas ! L’eau potable est une denrée rare. Aussi rare dans certains quartiers du Cameroun que le diamant. L’électricité ? C’est l’autre grande promesse jamais tenue. 1990…2010…2013…Rien n’y fait, l’obscurité ne nous fait plus peur. Avons-nous le choix ?
2013, toujours des promesses…jusqu’à l’horizon…
2035. Le pouvoir en place s’accroche à cette année lointaine comme un capitaine en plein naufrage s’accroche à son gilet de sauvetage. L’économie décline, tout sera en ordre en 2035. La pauvreté avance, tous les camerounais seront riches en 2035. La corruption s’implante, l’honnêteté reviendra en 2035. Malheureusement, l’enfant ne marche pas sans apprendre à ramper. Pareil pour le Cameroun où son dirigeant pense qu’il suffit de tout programmer en 2035 pour se construire une conscience tranquille. 2035, c’est long et surtout c’est assez lointain pour berner les crédules. « 2014, C’est trop proche…Il faut penser à 2035. Pensez à vos enfants. Construisons leur avenir ». C’est leur pensée. Avec ça, ils sont sûrs de tromper les optimistes et d’amadouer les pessimistes.
Faire le bilan sombre de l’année 2013 est impossible tant l’année écoulée a été souillée de corruption, de pauvreté et de cet espèce de statut quo bizarre qui n’avance pas, mais recule de manière silencieuse.
Je prie pour que l’année 2014 soit blanche au Cameroun. Mais sans vous mentir, avec le récent discours du 31 décembre de Paul Biya, je ne rêve pas trop. Bonne et heureuse année 2014 chers lecteurs. J’espère que cette année vous apportera ce qu’il y a de meilleur dans votre vie.
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