Wouri : pourquoi ce fleuve tue. Pourquoi il tue tant des Camerounais?

Article : Wouri : pourquoi ce fleuve tue. Pourquoi il tue tant des Camerounais?
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24 mai 2013

Wouri : pourquoi ce fleuve tue. Pourquoi il tue tant des Camerounais?

Le drame m’a secouée. Il m’a privée de sommeil pendant deux jours et je ne pouvais ne pas en parler. M’offusquer ? Pleurer ? Non, cette attitude n’aurait pas résolu le problème. Il me fallait écrire, le graver quelque part où j’étais sûre de ne jamais l’oublier. Et j’ai pris ma plume malgré mon âme en pleurs.


J’ai décidé de vous en parler malgré mon cœur meurtri. Deux petits enfants âgés de 12 et 13 ans ont été emportés par les eaux du Wouri, ce fleuve qui traverse Douala, capitale économique du Cameroun. Ce fleuve qui abrite le plus grand port de toute l’Afrique centrale. Cette eau rend Douala, porte d’entrée et de sortie du Cameroun. Deux petits élèves. Leurs corps ont été retrouvés par des pêcheurs, deux jours plus tard (ironique non ?). C’est toujours ainsi. Les pêcheurs sont toujours là ! Qu’aurait-on fait sans eux ? Mais où sont les garde-côtes ? Où sont les pompiers censés être les premiers à réagir à ce genre de situation ? Avant ces deux enfants, il y a eu d’autres enfants, il y a eu des hommes, femmes, jeunes, il y a eu 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10…voitures plongées. Rares, très rares survivants côté passagers et chauffeurs. Toujours des morts, retrouvés toujours après des jours de fouille !

 

Vous pensez que j’exagère? Vous pensez que je me révolte pour rien? Non ce drame a été le drame de trop. Cette noyade, la noyade de trop. On ne compte plus le nombre de personnes que ce fleuve a emportées. On ne compte plus le nombre de famille éplorée que le wouri a laissé. Pourquoi il tue tant?

 Un pont construit en 1955 , aux garde-fous détruits

 J’ai eu la malchance chance de traverser le pont du Wouri des centaines de fois. A chaque occasion, j’étais dans une voiture, rarement sur une moto. Et sans vous mentir, jusque là, je savais que ma vie était en danger. J’avais dans la tête comme en ralenti dans un film, l’image d’une catastrophe et des morts. Je pensais à l’âge du pont, construit quand le parc automobile du Cameroun, de Douala, n’était pas encore élevé. C’était en 1955. Mais aujourd’hui, tout a changé. Les voitures ont augmenté. Les experts le réclament à chaque occasion malheureuse (après des morts) : il faut un deuxième pont sur le Wouri. Les réaménagements ne sont plus autorisés. Le président le promet mais quoi ensuite ? C’est l’ère des grandes spéculations réalisations non ?

 Pis, le pont sur le Wouri n’a plus de garde-fous. Les multiples accidents les ont détruits. Il suffit donc d’un vent violent pour projeter le passant rêveur au fond de l’eau. Il suffit d’un moment  d’inattention et des élèves prudents, qui rentrent tranquillement dans leur maison, après une journée de cours, se retrouvent plongés dans le fleuve. Et l’automobiliste ivre a 97% de chance de se retrouver dans le fond du Wouri et de côtoyer la mort.

 Quand voies ferrée et routière cohabitent…le drame n’est jamais loin

 Ce n’est pas tout. Aux heures de pointe, les embouteillages monstres du pont donnent des sueurs froides aux policiers. Et des peurs atroces bien sûr ! Vous savez pourquoi ? Entre les aller et venue des voitures, se trouvent les rails du train. En d’autres termes, la voie routière côtoie la voie ferrée. Imaginez que le train arrive à ce moment là ? Je pense que l’état de catastrophe sera décrété au Cameroun. A quand la reconstruction des garde-fous sur le pont ? A quand des garde-côtes au bord du fleuve ? A quand le deuxième pont sur le Wouri ? Les annonces se multiplient mais rien ! A cette allure, avec ces morts qui ternissent l’image du fleuve Wouri, je pense que je serai un jour prophète.

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Commentaires

A.B. Ladji Coulibaly
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Que veux tu ma grande. Nous n'avons pas la notion de l'entrétien et de la prevention. On est toujours surpris, alors qu'on assiste de facon indifferente à des situations. Voila, ne soit surtout pas prophete. sinon tu verras autres choses deh

josianekouagheu
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Toujours surpris. Et pourtant, le peuple élit ses dirigeants pour faire ce genre de boulot...

Serge
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c'est malheureusement ce qui arrive quand le pouvoir est trop centralisé, tous attendent que le président fasse quelque chose et il ne le fera jamais, parce que ce n'est pas dans ses compétances...
Je ne monterai jamais sur un tel pont , jamais... je tiens trop à ma vie et je suis trop peureux pour m'y risquer.
désolé pour toi et ta souffane Jo

josianekouagheu
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Rien qu'à Douala, nous avons un gouverneur, un délégué du gouvernement...Bon ils n'ont pas des raisons d'ignorer un tel désastre.

Osman Jérôme
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Bien souvent, on se demande, avec raison bien entendu, pourquoi nos responsables sont aussi irresponsables ? Malheureusement, ce sera toujours le peuple qui paiera la conséquence des inconséquences. Je comprends ta frustration, non face au Wouri en soi, mais contre les dirigeants qui se font vraisemblablement plutôt spectateurs de ces drames répétés, que d’être acteurs pour améliorer la situation. Vivement, que le meilleur soit rapidement fait pour éviter un cas de mort de plus.

josianekouagheu
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Moi si j'avais une réponse Osman, je n'aurais rien écrit. Malheureusement nos responsables sont irresponsables...

Réndodjo
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Je me suis bien demandé la première fois que je voyais ce pont, ce que faisaient les autorités camerounaises, la municipalité de Douala. Surtout que cette dernière est une grande ville économique.

josianekouagheu
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Une très grande ville je t'assure Réndodjo. La porte d'entrée et de sortie du Cameroun. Mais, avec un pont...Malheureux!

michouthe
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Josiane, je te suggère de juste jouer ta partition, c'est à dire bloguer. Je reste convaincu qu'on finira par entendre ta voix

josianekouagheu
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C'est ça Michel. En bloguant, j'interpelle et tout ira mieux je pense. Thank...

Thierno
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Eh Josiane, tu parles du gouverneur... Si lui ne fait rien et ne dit rien, je le félicite ! Le gouv de Conakry sort souvent, et à chacune de ces occasions il dit ce que sa population voudrait entendre (changement d'itinéraire des marches de l'opposition, menaces contre les vendeurs dans les grandes artères). C'est vraiment dommage; nos responsables sont loin de l'être !

YM
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l'Afrique, c'est hélas la culture de l'irresponsabilité: l'homme africain, en moyenne (bien sûr, il y a des exceptions individuelles!) a du mal à prévoir les conséquences ( à court, moyen ou long terme) de ses actes ou de ses non-actes.
J'ai essayé d'investir en Afrique, je m'en suis mordu les doigts (plusieurs fois). Les seuls qui s'en sortent sont les grosses entreprises étrangères, malheureusement prédatrices et inhumaines...
A noter aussi qu'en Afrique, au Cameroun comme ailleurs, ce sont les femmes qui font l'essentiel du boulot!!!
L'Afrique a un cruel manque d'éducation et d'enseignement (apprendre un métier!), et devrait se débarrasser des religions (christianisme, islam...), qui sont bien sûr un élément de sociabilité mais aussi un terrible handicap à l'intelligence et au développement.

signé: un français blanc marié à une camerounaise. je viens de temps en temps en Afrique mais ne pourrais y vivre longtemps...