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Lumière du Cameroun
Article : Sauvons-les avant qu’ils ne deviennent des enfants soldats !
Au grand rythme
7
31 mars 2015

Sauvons-les avant qu’ils ne deviennent des enfants soldats !

« Je viens de très loin. J’ai marché durant des jours et je suis arrivé ici ». Je n’entendais que sa petite voix d’enfant. Une voix ! Son corps était allongé sur le dernier siège du car où ne filtrait aucune lumière.

Le bus venait de me laisser dans un petit carrefour, à l’Est du Cameroun, à quelques kilomètres de la frontière avec la République centrafricaine. Par gentillesse, le chauffeur était descendu de son véhicule, abandonnant la soixantaine de passagers restants, le temps pour lui de cogner à la vitre de la seule voiture qui trainait encore au camp. Il était trois heures du matin !

Moussa², le convoyeur du véhicule, a tardé à baisser sa vitre. Après insistance, il l’a finalement fait.

Enfants d'Afrique. Crédit photo: "casafree.com"
Enfants d’Afrique. Crédit photo: « casafree.com »

Je lui ai alors expliqué que je cherchais un endroit où rester, en attendant le lever du jour. Le chauffeur, qu’il connaissait apparemment (ils s’appelaient par leur prénom et parlaient en leur langue) l’a convaincu. Il a ouvert la portière et je me suis engouffrée, pour fuir l’obscurité et surtout le froid du carrefour.

A peine assis, Moussa m’a posé de nombreuses questions : d’où viens-tu ? Pourquoi es-tu ici ? Où vas-tu exactement ?

Une quinte de toux, venant de l’arrière de la voiture, m’a fait sursauter et a interrompu les réponses que je m’apprêtais à lancer.

La quinte de toux continuait.

  • Ça ne va pas ? a demandé Moussa, le ton inquiet
  • Ça va bien, a répondu une petite voix d’enfant à l’arrière du véhicule.

Je me suis alors retournée. Je ne voyais personne. Du moins, à l’exception d’une petite ombre allongée sur le dernier siège du véhicule. Il n’y avait aucune lumière dans le car. J’essayais d’ouvrir grand mes yeux, comme s’il suffisait de le faire pour braver l’obscurité. Peine perdue. La quinte de toux devenait à chaque fois violente. J’avais une bouteille d’eau entre les mains. J’ai sorti mon téléphone portable de mon sac et l’a allumé, pour capter un peu de lumière.

C’est alors que mon regard, malgré la faiblesse de l’éclairage, a accroché le sien. Il regardait avidement ma bouteille d’eau et je le lui ai donné.

-Merci, m’a-t-il dit, en buvant, malgré la quinte de toux qui continuait.

J’ai voulu savoir ce qu’un enfant faisait dans un car, au milieu de nulle part, en pleine nuit, à quelques kilomètres d’un lieu où des coups de feu raisonnaient parfois quotidiennement et où des prises d’otages se multipliaient. J’ai voulu savoir beaucoup d’autre chose.

La quinte de toux s’était arrêtée. Et la forme restait allongée sur le siège.

J’ai chuchoté à Moussa :

-Qui est-il ? Ton petit frère ?

-Je ne connais même pas cet enfant. Je l’ai vu au carrefour, la nuit approchait et il n’avait pas où dormir. Je lui ai proposé de venir se coucher dans la voiture. Mon chauffeur n’est pas là et je suis convoyeur, m’a répondu Moussa dans un ton normal, comme si cet enfant qui dormait dans « sa » voiture était un fait ordinaire.

Je n’avais plus de questions. Vers 6 h du matin, le petit dormeur s’est réveillé pour de bon. Il toussait encore.

C’est alors que j’ai remarqué son accoutrement: une chemise déchirée, un pantalon sans couleurs, raccommodé au niveau des genoux.

Je lui ai demandé d’où il venait.

-D’un village là-bas, m’a-t-il dit, en pointant un doigt vers un horizon inconnu. J’ai marché durant des jours et je suis arrivé ici.

Après cette confidence, il est descendu du car et est parti, comme s’il avait le diable à ses trousses. Sa silhouette si mince, déambulait au lointain. Je l’ai vu disparaitre à l’angle d’une vieille maison.

C’est alors que Moussa m’a expliqué que cet enfant n’était pas le seul. Ils arrivaient dans le camp. Certains continuaient la route et d’autres restaient quelques jours, puis, disparaissaient.

Où allaient-ils ? Que devenaient-ils ?

« Ce n’est pas bon de voir des enfants comme ça dans les rues ici. Vous savez, nous entendons des coups de feu à toute heure. Que ce soit avec Boko Haram ou les rebelles centrafricains, nous avons très peur ici », m’a lancé en guise de réponse Moussa.

J’ai compris que ces enfants, qui déambulaient dans ces rues pouvaient être enrôlés. J’ai compris que ces enfants marchaient au hasard. Fuyaient-ils la guerre en Rca ? Les troupes rebelles ? Etaient-ils ces enfants des parents dont Boko Haram avait détruit les villages à l’Extrême-nord?

J’avais juste une certitude : ces enfants étaient des proies faciles. Des innocents dans la nature et il fallait les sauver. Il fallait que nous les sauvions avant qu’ils ne deviennent des enfants soldats!

Le nom Moussa a été changé

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Article : S’il vous plait, je suis un orphelin du Sida, ne m’abandonnez pas !
Au coeur de la santé
18
18 décembre 2014

S’il vous plait, je suis un orphelin du Sida, ne m’abandonnez pas !

« Tu sais, personne ne m’aime. Tantine me déteste. Elle dit toujours que je ne suis pas bien. Tout ce que je fais l’énerve. Tu penses que je vais aussi mourir comme papa et maman et aller au ciel avec eux ? ».

Sa petite main était dans la mienne. On marchait dans une cour au milieu d’autres jolies petites filles et beaux petits garçons. Elle a levé son regard innocent vers moi. Elle attendait une réponse. Et ma gorge nouée par le chagrin, par ces paroles graves sorties d’une si jolie bouche, m’empêchait de prononcer le moindre petit mot.

– « Tu penses que je vais mourir et aller au ciel ? Ce sera super hein ? Là je verrais enfin papa et maman et tantine ne pourra plus me détester. Tu penses que je vais mourir ? ».

Elle revenait à la charge. Elle insistait. Elle voulait une réponse de la bouche de l’adulte que j’étais, que je représentais à ses yeux. Mon regard s’est embué pour de bon. Que dire à une petite fille âgée d’à peine 8 ans qui tient de tels propos. Qui y croit ?

Rêvons d'enfants heureux tout le temps. Crédit photo: "casafree.com"
Rêvons d’enfants heureux tout le temps. Crédit photo: « casafree.com »

– « Mais non, tu vas vivre. Et puis, papa et maman qui sont au ciel avec Dieu te regardent et veulent te voir sur terre avec les autres petites filles comme toi. Ils veulent que tu sois heureuse », lui ai-je répondu, après quelques secondes de silence.

–  « Tu crois ? Mais pourquoi tantine me frappait tout le temps et disait que j’allais mourir alors? », m’a-t-elle demandé une fois de plus, si candide, si étonnée que je dise autre chose que ce qu’elle croyait dans sa petite tête d’enfant.

Aucun son n’est plus sorti de ma bouche. Je l’ai câlinée. Je l’ai prise dans mes bras pour essayer de lui communiquer cette chaleur que je voulais à tout prix lui donner. C’était comme un signe de survie. Je voulais montrer, faire comprendre à cette jolie frimousse, que le monde n’était pas seulement fait des méchants. Que le monde avait des bonnes personnes comme son « papa et sa maman au ciel ».

Dans mon cœur et ma tête, des questions fusaient de toute part : est-ce ainsi que les orphelins infectés ou non par le Vih, dont les parents étaient décédés du Sida vivaient ? Ces petits enfants innocents, vite entrés dans un monde d’adultes, souffraient-t-ils tous de cette manière ? Pensaient-ils tous comme cette petite fille ? J’allais vite le découvrir, au fil de mon enquête.

Sa frêle silhouette m’a attirée comme un aimant au milieu d’une foule immense dans un marché. Il marchait et on le bousculait. Il est tombé et ce papa ne s’est même pas retourné pour le soulever. Le petit garçon s’est enfui lorsqu’un inconnu a voulu l’aider à se relever. Je n’ai même pas eu l’occasion de l’approcher. Si petit, il semblait déjà prêt à combattre contre le monde entier. Dans sa fuite, ses petits poings repliés semblaient dire stop à celui qui tenterait de l’approcher. Il était si frêle. Ses os se dégageaient presque du t-shirt qu’il portait.

Enfants d'Afrique (images casafree.com)

J’ai alors remarqué une longue tache noire le long de son bras gauche. Tout avait cicatrisé. Mais, cette tache était comme une intruse dans ce corps d’enfant. Un peu comme le goût du sable dans un plat de riz.

J’ai voulu en savoir plus. J’ai voulu tout savoir. Sa « maman » (marraine) m’a demandé de jurer que je n’allais jamais citer le nom, lieu, indice sur leur vie (comme avec tous les enfants que j’ai rencontrés). J’ai accepté. Ce n’était pas suffisant : il me fallait écrire un engagement signé et je l’ai fait.

« Il a beaucoup souffert dans sa vie. Ses parents sont morts du Sida en l’espace de deux ans car sa mère est morte alors qu’il n’avait que deux ans et son père deux ans plus tard », confie la marraine. Elle explique qu’après la mort de ses parents, son « fils » a été diagnostiqué séropositive. Il a été confié à son oncle. Elle poursuit, la voix enrouée : « le jeune garçon était maltraité par la femme de son oncle qui craignait qu’il ne contamine ses enfants. Il dormait à même le sol humide. Elle lui a versé de l’eau chaude un jour sur le bras».

Après cet acte, le petit enfant alors âgé de cinq ans est recueilli par une voisine du quartier. « Elle me connaissait car j’étais membre d’une association qui venait en aide aux personnes infectées et c’est ainsi qu’elle m’a parlé de cet enfant. J’ai eu les larmes aux yeux. J’ai décidé de le recueillir. C’est ce qui m’a poussée à quitter Yaoundé pour Douala car je voulais avoir un nouveau départ avec mon ‘fils’», confie la femme de 42 ans qui avoue sans honte être une séropositive.

J’ai rencontré des enfants orphelins dont les parents étaient décédés du Sida. Certains ont été infectés, d’autres sains. La majorité de ces enfants ont été rejetés par leurs proches. Ils ont trouvé refuge dans les orphelinats pour fuir le regard de la société.

« Ne nous voilons pas la face. Au 21ème siècle, au Cameroun, les personnes vivants avec le Vih sont traitées comme des paria. Les enfants souffrent le plus car après le décès de leurs parents, ils n’ont personne pour les aider. Nombreux d’entre eux meurent avant l’âge adulte », m’ont confié médecins, infirmiers et conseillers.

Ces enfants, orphelins, infectés ou pas, ont besoin de notre amour. Faisons un tour dans ces orphelinats. Faisons un geste de charité. Jouons avec eux. Montrons leur que le monde est encore meilleur. Que le monde regorge encore de personnes honnêtes comme nous.

Chers lecteurs et lectrices, ce message :

Ne m’abandonnez pas, ne me fuyez pas parce que je suis un petit garçon, une petite fille qui a le Sida. Ne me battez pas parce que maman et papa sont morts du Sida. Je vous le promets, je serai sage. Je suis un enfant normal.

S’il vous plait, je suis un orphelin du Sida, ne m’abandonnez pas !

 

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Article : M. le président, j’ai 32 ans et je veux rester au Cameroun !
Au grand rythme
26
6 novembre 2014

M. le président, j’ai 32 ans et je veux rester au Cameroun !

M. le président, j’ai 32 ans et je veux rester au Cameroun !

J’ai débuté cette lettre par un bonjour, puis un bonsoir. Et après, un joyeux anniversaire pour vos 32 années d’usure de règne en longueur au pouvoir. Et finalement, j’ai décidé de vous l’écrire à ma manière. Sans protocole, un peu comme ce Cameroun que chacun dit aimer à sa manière. Vous aussi. Je l’aime d’ailleurs et je veux y rester.

« Mais je me demande sans cesse : pourquoi suis-je né en novembre 1982 ? Pourquoi maman a-t-elle décidé de me mettre au monde un jour de cette année maudite ? Si j’avais eu des pouvoirs magiques, aurais-je pu modifier ma date de naissance ? Oui, non, oui, non »

Difficile de me décider. Si j’étais né avant 1982, je serais aujourd’hui comme mon grand-frère : un débrouillard diplômé. Si j’avais vu le jour après 1982 je serais aujourd’hui comme ma petite sœur : une perpétuelle diplômée en quête d’emplois et qui accumule des boulots sans lendemain. Et comme je suis né en 1982, je veux vous parler. D’ailleurs, quelle différence d’être né avant ou après 1982 ? Le Cameroun présente la même peur du futur pour tous, même pour mes parents nés à l’ère d’Ahmadou Ahidjo.

Paul Biya, président du Cameroun

M. le président, ça fait 32 ans aujourd’hui que vous dirigez le Cameroun sans partage. Trente-deux années que je suis né et vis dans ce règne. Je vous écris parce que je veux rester au Cameroun. Je vous écris parce qu’après plus d’un quart de siècle au pouvoir, le bout du tunnel que vous avez promis semble être une chanson du « paradis est joli ». D’ailleurs, comment peut-on voir le bout du tunnel dans un pays sans routes? Mr le président, n’allez surtout pas croire que la faute de cette situation revient à quelqu’un d’autre.

32 ans qu’on nous a promis le bout du tunnel… Tiens y’a même pas de routes pour voir le début du tunnel! #32AnsSansMourir

— Nelson Simo (@lesikanel) November 6, 2014

Lorsqu’un navire chavire, c’est le commandant de bord qui est accusé. Lorsqu’il y a crash d’avion, la faute revient au pilote de bord (en chef). Lorsqu’il y a accident de voiture, le chauffeur est l’incriminé. Lorsqu’un pays fait peur, fait fuir sa jeunesse, grouille sur le chômage, la malnutrition, la pauvreté et fait du surplace, c’est le président qui le dirige mal. C’est lui qui est responsable de cette situation. Dans le cas du Cameroun, je vous le jure, la chanson quotidienne que j’entends à force d’écumer les rues est la suivante :

« Paul Biya veut tuer ce pays. C’est à cause de Paul Biya que ça arrive. C’est sa faute»

A dire vrai, M. le président, je ne suis pas souvent d’accord avec certains. Mais, à force de ne rien faire pour que les choses changent, à force de voir sans agir, à force de durer au pouvoir, vous avez tué votre propre peuple. Comment pouvez-vous m’expliquer votre longévité sans parler de vos ministres qui au fil des années font les mêmes erreurs ? Ils n’ont plus peur, même de voler des milliards des pauvres camerounais oubliés dans un pays qui leur appartient pourtant. Je ne veux plus revenir sur les problèmes du Cameroun dont personne n’ignore.

Comme je vous l’ai dit M. le président, je veux rester au pays. J’aime le Cameroun et je veux y rester. Je vous épargnerai les discours de mes amis, cadets, et même des tous petits enfants qui récitent inconsciemment chantent des chansons à votre gloire. Mais en substance, tous se disent : « ce pays est une m****. Je veux partir me chercher ailleurs ». Et c’est de cet ailleurs donc je ne veux pas en entendre parler. Je veux rester au pays. Je veux vivre au Cameroun. Je veux voir grandir mes enfants et petits-enfants au Cameroun. Mais j’ai peur.

Je n’ai aucune garantie. Est-ce d’ailleurs normal pour un pur sang d’un pays d’en demander une ? C’est juste la vie qui m’y pousse. Mr le président, au nom du sang de nos ancêtres, prenez un jour de votre vie sur les 32 années passées au pouvoir, habillez- vous autrement et promenez-vous à Douala, Yaoundé, Garoua, Batouri, Nkongsamba… Vous verrez pourquoi ce pays fait peur. Les rues sont pleines de jeunes au chômage. De conducteurs de moto. Des chargeurs. Des sauveteurs. Des prostituées. Les bureaux sont occupés par des vieux (comme vous). Des ministres qui ne savent pas taper du poing sur la table quand des Camerounais meurent à cause des accidents causés par des voitures sans freins. Quand des malades meurent à cause des médecins inconscients. J’en passe. Vous verrez alors pourquoi on veut partir au prix de notre vie parfois.

Après 32 ans au pouvoir, je pense qu’il est temps de penser à demain. A une sortie digne d’un Nelson Mandela, pas à la Compaoré en tout cas. Même si 32 années stériles sans rien déjà sont un véritable problème, un cauchemar qui vous poursuivra probablement jusqu’à la fin de votre vie. Monsieur le président, ayez un sursaut d’amour. Changez quand il est encore temps. Car comme les jeunes le disent, #32anssansmourir, c’est le fourneau.

 

APRES 32 ANS LE RÉGIME DE BIYA N’A VRAIMENT PLUS RIEN À APPORTER AU CAMEROUN par Evarist Mohbeu #32AnsSansMourir #CMR https://t.co/843x6GXW1t

— Douala Deals (@DoualaDeals) 6 novembre 2014

D’ailleurs, les discours déguisés d’amour de vos pseudo admirateurs qui, habillés à votre effigie, parcourent le pays pour vanter vos qualités auxquelles eux-mêmes n’y croient pas sont un exemple. Leurs enfants ont quitté le Cameroun depuis leur plus jeune âge. Ils sont des citoyens d’ailleurs, avec des nationalités d’ailleurs. Et moi en tant que jeune, débrouillard qui aime se chercher et déteste la paresse, je veux rester au Cameroun !

 

 

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Article : Ma bog-expo II: Douala, cette ville-poubelle
Chez nous
28
30 septembre 2014

Ma bog-expo II: Douala, cette ville-poubelle

La ville de Douala est-elle seulement ces belles maisons qu’on croise dans ses quartiers huppés ? Le poumon économique du Cameroun est-il uniquement ces immeubles du centre des affaires qu’est Bonanjo ? Chers lecteurs et lectrices, j’ai décidé de vous promener à travers des images qui parfois vous choqueront, dans l’autre Douala, cette ville-poubelle. Je vous l’avais dit, je ne blogue pas qu’en écrivant des billets, mais aussi en prenant des photos et vidéos. Bienvenu au cœur des quartiers bidonvilles de la porte d’entrée et de sortie d’un pays qui aspire à l’émergence à l’horizon 2035. Bienvenu dans ma bog-expo II…

Situé à quelques mètres de l’aéroport international de Douala, le quartier Newtown aéroport est surnommé par ses habitants « poubelle de Douala ». Dans ce lieu, environ 70% de la population n’a pas de toilettes. Certains font des selles dans les drains et dans des sachets qu’ils déversent dans la rue parfois. Morceaux choisis :

Des toilettes sans fosse sceptique. On fait les selles directement dans le drain. Crédit-photo @JosianeKouagheu
Des toilettes sans fosse sceptique. On fait les selles directement dans le drain. Crédit-photo @JosianeKouagheu
Des porcheries et des toilettes se jouxtent. Les excréments des habitants et des porcs vont directement dans le drain. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des porcheries et des toilettes se jouxtent. Les excréments des habitants et des porcs vont directement dans le drain. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Vue des toilettes d'une habitation. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Vue des toilettes d’une habitation. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Autre image des toilettes au 21ème siècle dans la ville-poumon économique du Cameroun. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Autre image des toilettes au 21ème siècle dans la ville-poumon économique du Cameroun. Crédit-photo: @JosianeKouagheu

Pendant que certains enfants urinent dans des mares d’eau stagnantes aux odeurs nauséabondes, d’autres y pèchent des petits poissons…

Insouciants, ces petits enfants pêchent dans des mares d'eau stagnantes à la couleur noirâtre. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Insouciants, ces petits enfants pêchent dans des mares d’eau stagnantes à la couleur noirâtre. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Pendant que certains y urinent, d'autres y jouent. Crédit-photo: JosianeKouagheu
Pendant que certains y urinent, d’autres y jouent. Crédit-photo: JosianeKouagheu

Bilongué, un quartier où les habitants vivent au milieu d’ordures….

Âge d'à peine deux ans, un petit garçon fouille un tas d'ordures. Il enfoncera par la suite son pouce avec lequel il fouillait dans la bouche. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Âge d’à peine deux ans, un petit garçon fouille un tas d’ordures. Il enfoncera par la suite son pouce avec lequel il fouillait dans la bouche. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
On déverse des ordures devant une maison. Le propriétaire des lieux, assis à quelques mètres, ne dit mot. On l'a compris, on vit au milieu d'ordures à Bilongué. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
On déverse des ordures devant une maison. Le propriétaire des lieux, assis à quelques mètres, ne dit mot. On l’a compris, on vit au milieu d’ordures à Bilongué. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des ordures jetées dans le drain bouchent cette principale voie de canalisation d'eau dans le quartier. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des ordures jetées dans le drain bouchent cette principale voie de canalisation d’eau dans le quartier. Crédit-photo: @JosianeKouagheu

Pénétrante Est de Douala, sur l’axe Douala-Yaoundé. Bobongo, un quartier où les habitants fuient à l’approche de la saison des pluies…

Des eaux usées et de ruissèlement sorties des toilettes se déversent sur la route empruntée par les enfants et adultes. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des eaux usées et de ruissèlement sorties des toilettes se déversent sur la route empruntée par les enfants et adultes. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des habitants ont mis du sable dans des sacs pour construire une route. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des habitants ont mis du sable dans des sacs pour construire une route. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des eaux souillées s'écoulent des latrines d'un domicile et se déversent dans les rues. Crédit-photo: @JosianeKouagheu
Des eaux souillées s’écoulent des latrines d’un domicile et se déversent dans les rues. Crédit-photo: @JosianeKouagheu

Vous venez de parcourir ma deuxième collection. Que dis-je, ma 2ème blog-expo. C’est juste le début d’une longue série. Douala tout comme le Cameroun a tellement de lieux à faire découvrir. Il s’agira parfois des lieux touristiques, des endroits merveilleux et souvent des images poignantes comme celles-ci. Mais, dans tous les cas, ce sera une nouvelle blog-exposition. A bientôt…

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Article : Lettre d’une mère éplorée à son fils immigrant
Au grand rythme
26
31 août 2014

Lettre d’une mère éplorée à son fils immigrant

 

www.flikr.org
www.flikr.org

 « Où es-tu mon bébé ? Je t’aime, je t’aime et je t’aimerai toujours. J’ai voulu te dire bonjour ou bonsoir, mais comment savoir si c’est le jour ou le soir et où tu es ? Je pensais que tu blaguais quand tu m’as dit que tu t’en allais, loin de cette misère. Je pensais que tu blaguais lorsque tu me disais que tu allais m’acheter une voiture quand tu seras chez les Blancs. Ça fait un an et six mois que tu es parti. Cela fait 548 jours que ton sourire s’est envolé. Trop pour moi.

lettre_pere_noelHier, j’ai suivi à la télévision que des jeunes Noirs comme toi, forts comme toi, intelligents comme toi, sont morts en Libye. Etais-tu parmi eux ? Etais-tu parmi les autres ? Où es-tu mon Fils ? Où es-tu? As-tu froid ? As-tu faim ? Où es-tu mon bébé ? Fais-tu partie de la liste de ces jeunes Africains qui tombent en mer chaque jour et finissent dans la gueule des requins et autres carnivores marins ? Mon cœur va bientôt s’arrêter.

Un matin, tu es parti. Tu es parti. Mais où ? Je prie Dieu que tu sois vivant quelque part. Mais où exactement ? Ton père et sa famille me traitent de vieille folle. Peut-être qu’ils ont raison. Depuis que tu es parti, je n’ai jamais dormi. Si je savais où tu te trouvais, je pourrais dormir. Je te le jure, je  pleurerais toutes les nuits. Je mangerais pour ne plus être ce tas d’os dont tout le monde se moque dans le quartier. Mais, ta chambre est vide. Tu as même oublié le chapelet que je t’avais offert pour te protéger des démons, lorsque tu avais 17 ans.

Tu es parti où ? Tu sais, toutes les nuits, j’entre dans ta chambre. Je m’assois sur ton lit et je rêve parfois que tu me parles. Que tu viens de rentrer de l’université et que le « foufou* » n’est pas encore prêt. Je rêve que tu es venu dans la cuisine et que tu m’as pris le pilon des mains comme toujours et tu as dit : « Maman tu n’as plus de force. Laisse-moi d’aider ». Tu as enlevé ton t-shirt et tu t’es mis à tourner, puis on a mangé ensemble, dans la marmite. Tu es ensuite allé puiser de l’eau au puits pour que je me lave et après tu es venu dans ma chambre vérifier si je dormais ou pas. J’ai fait semblant de dormir et j’ai vu des larmes perler sur tes joues, toi qui ne m’avais jamais montré une goutte de larme, même quand ton père te fouettait. Chaque soir, tu le faisais. Tu le fais ?

« Je voyais ta rage de cette pauvreté chaque soir, à ton retour »

Où es-tu ? Je rêve depuis 548 jours que tu es devant moi. Que tu me dis comme toujours : « Maman, l’université c’est de la merde ». Tu as toujours refusé de me dire ce que veut dire « merde ». Mais, je m’en fous. Il faut venir me le dire encore bébé. Tu pensais que je n’avais pas envie de te trouver un avenir meilleur.

Je me levais chaque jour avant le chant du coq. J’allais au petit marché vendre les noix de kola. Mais, les bénéfices servaient seulement à t’acheter cette nourriture et à payer l’université. Je voyais ta rage de cette pauvreté chaque soir, à ton retour. Je lisais ta peine dans tes yeux si clairs comme le monde.

Que fais-tu aujourd’hui, mon fils ? Où es-tu ? Tu me manques, tu sais. Je le sens, car il n’y a plus de désordre dans ta chambre. Je n’entends plus tes pas résonner sur le seuil de la porte. Je le vois, car mes seaux d’eau sont vides. Mon « kwem* » n’est pas pillé. Les feuilles sont toutes jaunies. Je le vois, car ta chambre est vide. Tu me manques mon bébé. On me dit que tu es allé en mer. Tu as voulu braver la mort pour m’acheter une grande maison, une belle voiture et m’emmener dans les grands hôpitaux du monde pour soigner mon mal de ventre qui n’a jamais goutté à un seul médicament des « Blancs ».

Chaque jour, mon cœur lâche un peu plus. Parfois, il ne bat plus, car tu n’es pas là. Je ne sais pas si tu as froid pour te réchauffer. Je ne sais pas si tu as chaud pour te donner de l’air. Je ne sais pas si les requins t’ont déjà mangé. Je ne sais pas si je n’ai pas aperçu ton corps à la télévision, parmi les milliers d’autres. Je rêve parfois que tu es là, devant moi. Que tu me tiens par les épaules avec tes larges mains réconfortantes. Mais, personne ne me tient plus. Je me suis regardée aujourd’hui dans le miroir. Ma peau est faite d’os. Mes cheveux ont blanchi. Je ressemble parfois à un démon. Tu es où mon fils ?

Où es-tu mon bébé ? Je t’aime, je t’aime, je t’aime et je t’aimerai toujours !

Foufou : farine issue des tubercules de manioc et qui sert à faire du couscous du manioc

Kwem : légumes qui servent à faire des sauces

 N.B : Je n’ai pas résisté à l’envie de vous faire découvrir le cœur d’une mère dont la seule raison de vivre reste la venue de ce fils unique dont nul ne sait où il se trouve et s’il est en vie. Au cours de ce travail que je fais sur la question, je me suis arrêtée un instant, histoire de vous montrer le désespoir de ces mamans, papas, frères, sœurs, grands-parents qui rêvent toujours, malgré les années qui passent (les chances diminuent), que ces fils immigrants reviendront un jour vivants. Ça fait pourtant, 5, 10, 13, 19 ans qu’ils ne donnent plus signe de vie…

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Article : « Je te le jure papa, je ne dirai à personne que tu m’as violé(e) »
Chez nous
23
25 juillet 2014

« Je te le jure papa, je ne dirai à personne que tu m’as violé(e) »

« Slt Josiane. Je viens de lire ton enquête sur les enfants violés dans le journal. Beau texte… » Beau texte ? Ces mots d’un de mes fidèles lecteurs n’ont cessé de passer en boucle dans ma tête. J’ai passé des semaines à rédiger cette enquête. J’ai parcouru de longues distances pour rencontrer des sources qui parfois, annulaient des rendez-vous sans explication. Soit. Mais, je ne parviens pas à oublier cette peur exagérée, cette angoisse permanente, ces yeux vides de sens comme ceux d’un adulte à qui la vie n’a rien apporté, cette haine des hommes… que j’ai lue dans le regard de ces petits enfants violés.

Violée par son père à 2 ans, elle crie chaque nuit : « Papa, je n’ai dit à personne. »

La première victime que j’ai rencontrée était âgée de 4 ans. Elle dormait. A l’écoute de ma voix, elle a sursauté, s’est réveillée et s’est mise à pleurer. Pour une fois, mon sourire n’a pas opéré chez un petit enfant. Sa mère a fini par la calmer et elle s’est endormie, le pouce droit dans la bouche. Elle semblait si agitée. Ses mains retenaient la jupe de sa mère comme si elle s’attendait à ce qu’un mauvais ange vienne la kidnapper dans son sommeil.

Une petite fille violée. Crédit photo: google.fr
Une petite fille violée. Crédit photo: google.fr

« Elle a été violée par mon mari. Son propre père. Il s’est enfui après son acte », m’explique la mère de la petite fille, les larmes ruisselant sur son visage. Elle semble perdue dans ses pensées. « A l’hôpital, les médecins ont constaté que mon petit bébé a été violé plusieurs fois de suite », continue-t-elle, la voix enrouée.

Depuis cette période, la petite fille si joyeuse avant est devenue renfermée. Elle ne joue plus avec ses petits amis. Elle a peur de tout le monde, même de ses grands-parents. L’enfant est aujourd’hui suivi par un psychologue. La mère a été obligée de déménager à deux reprises parce que son enfant criait en pleine nuit. Le même rêve nocturne se poursuit pourtant depuis près de deux ans. La phrase de fin est toujours : « Papa, je n’ai dit à personne »…  que tu m’as violée (j’imagine cette fin chers lecteurs et lectrices). La petite fille pense dans son rêve que son papa est toujours là.

 « Papa a dit que si je le trahis, il me tue. »

Lorsque le regard d’une petite fille âgée de 6 ans, au visage émacié, a croisé le mien dans un quartier populeux de Douala, j’ai sursauté. Le regard qui me fixait semblait rempli de haine et vide à la fois. C’était le regard d’une petite fille qui avait été violée par son tuteur, un jour de décembre. Sa mère m’a confiée entre deux sanglots que sa fille n’acceptait plus de rester seule. Cette jeune fille (26 ans), m’a dit que son unique enfant était devenu « bizarre ». « Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle ne m’avait pas dit  qu’on la violait, elle m’a alors lancé cette phrase : ‘papa a dit que si je le trahis, il me tue », me raconte la maman.

« Je te le jure papa, je ne dirai à personne que tu m’as violée »

Au fil de mon enquête, j’ai rencontré des petits garçons violés (sodomisés, c’est comme vous voulez) par leurs pères, certains par leurs oncles et voisins. J’ai rencontré des petites filles qui avaient peur de tous les visages masculins qu’elles croisaient sur leur chemin. Certaines ne voulaient plus aller à l’école.

Je me souviens d’une journée, en particulier, passée au milieu d’enfants violés qui essayaient d’évacuer leur peine en peignant et en interprétant une pièce théâtrale. Sur les tableaux, on pouvait voir des scènes de viol. Les légendes rédigées dans un français approximatif étaient aussi parlantes. Les personnages avaient toujours une phrase déguisée et cachée parfois : « Je te le jure papa, je ne dirai à personne que tu m’as violé(e) ». Vous l’avez compris ! Le violeur, influent, menace l’enfant. Et la victime a toujours peur de son bourreau.

Dénoncez le violeur, même s’il est le père ou le plus riche de la famille

S’il y a une chose que j’ai retenue au cours de cette enquête, après avoir rencontré des victimes, psychologues, psychopathologues, enquêteurs sur des questions de viol (police et gendarmerie), responsables d’association de lutte contre le viol, enseignants et avocats, c’est qu’il faut dénoncer le violeur. Il faut le dénoncer même s’il est le père, l’oncle, l’époux ou le grand-père. Il ne faut pas avoir honte du qu’en-dira-t-on et du regard de la société. Je sais que c’est pénible.

Dénoncez pour avoir la conscience tranquille. Dénoncez surtout pour que vos enfants et les autres enfants soient épargnés. Portez plainte et suivez la procédure jusqu’à la fin (que ce soit au commissariat, gendarmerie ou au tribunal) pour que d’autres violeurs prennent peur et ne violent plus de petits enfants. Dénoncez ce crime…  

N.B : Le mot « papa » est un mot noble. Je le concède, chers lecteurs et lectrices. Je n’aurais jamais voulu l’utiliser n’importe comment. Je m’excuse si sa « vulgarisation » dans mon billet vous a indignés. Je tiens juste à préciser que l’enfant violé appelle généralement son bourreau « papa », qu’il soit son vrai père, son beau-père, son oncle, son grand-père, l’ami à papa ou maman, le voisin, le boutiquier ou le grand-frère.

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Article : De Douala à Abidjan, la mort nous guette aux Urgences
Au coeur de la santé
28
31 mai 2014

De Douala à Abidjan, la mort nous guette aux Urgences

« Je veux devenir médecin pour sauver des vies humaines ». Lorsque j’étais petite, mes ami(e)s, qui rêvaient pour la plupart de porter la blouse blanche, se justifiaient ainsi. A l’époque, ils se prenaient pour des petits « Jésus », des futurs héros et héroïnes de notre société. Tous voulaient devenir le bon médecin, celui qui sauve le malade, même le plus pauvre. « Je ne veux pas être comme ces médecins qui laissent mourir les malades parce qu’ils n’ont pas d’argent », me juraient-t-ils, la main sur le cœur. Certains sont aujourd’hui des étudiants en médecine. Seront-ils ces meilleurs médecins tant rêvés ? Je ne suis plus très sûre de la réponse.

Je ne veux pas être pessimiste, mais, en parcourant les urgences des hôpitaux de Douala, ma ville, des histoires me donnent des frissons.

« Mon petit frère de neuf mois s’était évanoui. Il respirait à peine. Maman et moi l’avions conduit à l’hôpital en pleine nuit. Je pensais qu’il allait mourir. Aux urgences de l’hôpital, on nous a demandé de payer 11 000 F. Nous avions seulement 8 000 F. Les médecins ont refusé de prendre l’argent. L’infirmière nous a dit : ‘‘si vous voulez, restez là et votre fils va mourir’’. Elle ne s’occupait même pas de nous ».

Urgences d'un hôpital à Abidjan. Crédit photo: ObservateursFrance24
Urgences d’un hôpital à Abidjan. Crédit photo: ObservateursFrance24

J’ai rencontré Anita dans un hôpital public à Douala. La jeune fille âgée de 21 ans m’a confiée son combat pour sauver son petit frère. Cette nuit-là, elle est sortie de l’enceinte de l’hôpital, les pieds nus, malgré l’heure tardive, pour aller chercher les « 3000 F » qui manquaient. L’argent est revenu à temps pour sauver son petit frère.

« Sans argent, sans soins »

Plus loin, c’est Christelle qui m’a parlé de sa grande sœur qui se tordait de douleurs aux urgences. On avait diagnostiqué une appendicite. Il fallait l’opérer. Mais, la famille n’avait que 150 000 F au lieu des 200 000 F demandés. « Ce matin-là, il n’y avait pas d’argent. On cotisait. On appelait la famille. On a pu réunir 150 000 F que le service des urgences n’a pas pris. Ils voulaient la somme complète. Ma sœur est entrée au bloc opératoire en pleine nuit. J’ai retenu ceci : ‘‘sans argent, pas de soins’’ », a conclu la jeune étudiante en histoire.

J’ai rencontré des personnes qui ont vu mourir leur papa, maman, frères, sœurs, tantes, oncles, proches aux urgences, faute d’argent. J’ai vu de mes propres yeux (ce sont des cas personnels), des malades mourir parce qu’après un accident, on les a conduits à l’hôpital. On n’a pas pris soin d’eux parce qu’il n’y avait pas d’argent. Ils s’étaient alors vidés de leur sang et avaient rendu l’âme sur place. La famille était arrivée trop tard, avec l’argent nécessaire. J’ai vu une femme enceinte, mourir aux urgences parce que son mari, en mission de travail, est arrivé trop tard avec l’argent nécessaire pour l’opération. « Vous auriez dû la soigner. Je n’aurais pas fui avec votre argent », avait-il lancé, la voix pleine de colère, le visage ruisselant de larmes.

J’ai vu, entendu, vécu, des cas…

Je pensais comme toujours, qu’ailleurs était mieux que chez nous. Hélas ! Lors de mon récent séjour en Côte d’Ivoire, j’ai compris que la mort nous guettait aux urgences, même au pays des éléphants.

Avant d’y aller, j’avais déjà entendu parler de l’affaire Awa Fatiga, ce mannequin ivoirien décédé aux urgences du Chu de Cocody par manque de soins. Certains disaient qu’elle était morte parce qu’elle n’avait pas assez d’argent pour payer ces soins. Lors de l’enregistrement « en plein air » de l’émission Priorité santé de Radio France internationale (Rfi), auquel j’ai assisté en tant que spectatrice, la ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida ivoirienne était présente. Elle avait expliqué sa version des faits. Et d’après les témoignages des uns et des autres, j’ai compris que la situation ivoirienne n’était pas si différente de celle du Cameroun.

Des racketteurs aux urgences qui marchandent des services diverses. Au Cameroun, même le brancard, denrée rare, est payant. Des médecins qui ne font pas leur travail. Et encore, ces patients qui décèdent par manque d’argent et leurs proches qui en sortent traumatisés. La ministre a même dit ce jour qu’elle faisait des visites surprises pour surprendre ceux qui ne font pas leur travail. Près de moi, un homme ne cessait de lever la main pour réclamer la parole. Des blogueurs béninois, assis tout près,  lui disaient qu’il était arrivé trop tard car il fallait s’enregistrer pour poser des questions au ministre et autres.

« Mais pourquoi suis-je arrivé en retard ? Je devais raconter comment mon père est décédé dans un hôpital à Abidjan parce que je n’avais pas d’argent à l’instant pour payer ses soins. Je devais appeler mes frères pour qu’on cotise. L’argent est arrivé trop tard. J’ai tellement de cas à raconter. Plusieurs de mes amis ont vécu des situations pareilles. J’avais tellement à dire », se lamentait-il.

« Tu sais, le pouvoir c’est de l’argent. Avant, des médecins travaillaient pour le bonheur des malades. Mais aujourd’hui, l’argent vient avant tout. C’est le 1er patient. On dit que l’hôpital n’est plus la charité. Même à l’église, on ne joue plus au mendiant », a conclu un ami ivoirien.

NB : malgré ces cas des médecins véreux, intéressés uniquement par l’argent, je pense qu’il y a encore de bons médecins dans nos hôpitaux. Je pense à ceux qui pensent toujours que l’être humain « vivant » et en bonne santé n’a pas de prix. Merci à ceux qui se reconnaissent !

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Article : S’il te plaît maman, laisse mes seins tranquilles !
Chez nous
44
16 avril 2014

S’il te plaît maman, laisse mes seins tranquilles !

Mon billet était prêt depuis quelques jours. Je ne savais pas ce qui m’empêchait de le publier. J’avais de petites modifications à y faire. Soit ! Mais, de petites choses qui ne pouvaient me prendre plus de 10 minutes. Depuis ce matin, je sais ce qui me retenait de publier ce fameux billet. Il me fallait recevoir ce coup de fil. Comme d’habitude, l’une de mes amies, future ingénieure de son état, a voulu savoir comment j’allais. Et surtout, pourquoi ce silence sur mon blog depuis des semaines.

Une femme repasse les seins de sa fille. Crédit photo: Cameroononline
Une femme repasse les seins de sa fille. Crédit photo: Cameroononline

-« Je vais publier un billet sur mon blog aujourd’hui » (j’étais soudain pleine d’assurance)

– « Sur quoi ? »

– « Je vais parler du repassage des seins ! »

Silence au bout de la ligne…Une chose qui ne nous arrivait pas souvent. On avait toujours des choses à se raconter. Moi, sur le Cameroun qui ne changeait pas et elle, sur cet autre pays où les étrangers étaient toujours étrangers, où elle ne se sentait pas chez elle. Le silence continuait et je ne savais vraiment quoi lui dire pour rompre ce moment semblable au bruit du cimetière … Un silence étranger à nos conversations habituelles.

– « Josie, c’est terrible ! Sais-tu ce qu’on ressent à la fin ? Sais-tu ce dont on se rend compte en grandissant, quand tes amies te disent que leurs seins n’ont jamais été repassés ? On a l’impression d’avoir subi un viol d’une autre façon. On se sent dépouillé, sali ! »

– « Mon Dieu ! Tu l’as aussi subi ? Oh seigneur ! »

(Trop d’images m’ont traversé l’esprit. Elle ne m’avait jamais confié ce secret. On était pourtant proche. Je me suis ressaisie : il y a des secrets qui ne sont pas ‘confiables’ )

– « Je ne suis pas la seule. Toi en écrivant ton papier tu y as pensé. Tu sais, je l’ai subi pendant plus de trois ans. Dès l’apparition de mes petits seins. C’est terrible non ? Maman est pourtant allée à l’école. Mais, ça ne l’a pas empêchée de me « masser » les seins. Comme de nombreux autres… Je n’ai même pas le courage de faire les tests du cancer des seins. Depuis que je suis ici, j’ai pourtant la possibilité de le faire. Mais, j’ai peur ! Et si j’ai cette terrible maladie Josie ? »

Nous avons parlé. Durant des minutes. J’ai essayé de lui parler. Nous avons longuement discuté. Reparlé. Nous nous sommes séparés avec cette peur au ventre. J’avais peur pour elle et pour les autres. Et si jamais si… ? J’ai alors repassé en séquences ces quelques informations que j’ai recueillies. Les mots de ces personnes que j’ai pu rencontrer.

Je n’ai jamais voulu parler de ce sujet trop sensible. Il me touche. Dans tous les sens, j’ai trop de victimes autour de moi. J’ai voulu me taire. Mais, que faire quand autour de toi, la télé, Internet, les magazines et autres qui vantent la beauté féminine, n’ont aucune influence chez certaines personnes qui continuent de se dire : « Les seins de ma fille ne doivent pas pousser très vite ! Il faut tout faire pour les masser ».

Un 21 mars 2014, je rentre d’un reportage avec une amie journaliste. Nous sommes dans un taxi. Et je lui demande si elle connaît des filles, femmes, dont les seins ont été massés ? Je lui explique alors que j’ai envie d’y consacrer un billet et peut-être un plus. Le silence s’installe entre nous. Je veux savoir pourquoi elle semble soudain perdue dans ses pensées. Pourquoi elle ne me répond pas.

« Est-ce que c’est une mauvaise chose Josie ? J’ai passé mon enfance en voyant les mamans masser les seins de leurs petites filles », me lâche-t-elle. Et elle insiste : « Est-ce mauvais Josie ? »  Elle attendait un « non » et j’ai plutôt dit oui. Elle a alors repris :

« Tu sais, j’ai grandi en pensant que c’était une bonne chose. Que c’était normal. J’ai grandi en croyant que ce n’était pas mauvais. J’ai grandi en voyant maman masser nos seins. Ceux de mes grandes sœurs. Oui Josiane. Maman l’a fait. Elle me disait que mes seins poussaient trop vite. A 10 ans, j’avais déjà des petits seins qui se formaient. Elle disait que ce n’était pas bon signe, que les hommes allaient trop me regarder. Elle a donc massé mes seins pour les diminuer. »

Le repassage est donc ça chers lecteurs ! Diminuer les seins de sa fille. Il faut surtout qu’aucun regard masculin ne puisse voir ces petits bourgeons se former. La petite fille aura ses seins, c’est sûr. Mais, lorsqu’elle sera plus grande. Quand ? « Lorsque diminuer deviendra impossible », m’a lâché une adepte du massage. « Et là, ma fille sera déjà grande. Elle pourra savoir les bons et mauvais hommes », a-t-elle poursuivi. Autour de moi, il y a tellement de victimes, tellement de femmes qui le pratiquent.

Paroles de pratiquantes

Moi, je ne comprendrai probablement jamais cet acte. Je ne le conseillerai jamais et je le combattrai avec ma dernière énergie. Malheureusement, toutes celles que j’ai rencontrées ont des raisons. Elles se disent qu’elles font une chose normale. Et mes petites leçons de morale se noient dans leurs raisons !

« J’ai cinq filles. Leurs seins ont été repassés. Mes filles n’ont rien eu de mauvais. Deux ont aujourd’hui des enfants. Moi-même, ma maman a repassé mes seins. Mes trois sœurs aussi. C’est normal. Repasser les seins de sa fille, ce n’est pas la mort. Les seins des enfants poussent trop vite. Les hommes sont pervers. Et c’est cette partie qui les attire le plus souvent sur les petites filles. »

Et à une autre de renchérir : « Je vois des femmes dire à la télé qu’il faut punir des femmes comme nous. Des femmes qui massent les seins de leur enfant. Je veux demander à ces femmes si elles sont contentes de voir leurs petites filles de 9 et 10 ans avec de gros seins ? Ces enfants sont exposés au viol. »

« C’est normal. Depuis des siècles, nos parents, grands-parents le font. On n’a jamais entendu parler de cancer de seins. Pourquoi maintenant ? Ma première fille a aujourd’hui 32 ans. Elle a deux filles et si elles ont des seins très tôt, je pense qu’on va les masser. »

Leurs instruments

Une pierre, des épluchures de bananes plantain et les feuilles d’un arbre « ngwollne » (je le prononce en ma langue maternelle) passées sur un feu à bois. Et les serre-seins aussi !

Dès que tout est bien chaud, on les passe sur des seins nus. On masse encore et encore. La petite fille, qui généralement croit que tout est normal, crie de douleur. Elle a mal. Mais, sa maman lui répète que tout va bien et que c’est pour son bien.

Certaines femmes après les massages mettent des serre-seins sur la poitrine de leur fille. Ce tissu, plein d’élastiques, sert à compresser les seins de la jeune fille, à les aplatir.

J’ai assisté à cet acte… Je m’en veux un peu de n’avoir rien pu faire. Mais, qu’aurai-je pu faire vraiment ? J’espère que mon billet pourra faire changer de mentalités, même si au fond de moi, je sais que le chemin est long !

Je veux juste dire à nos mamans, à nos tantines, à nos grand-mamans, laissez les seins de vos filles, nièces, petites filles, tranquilles. Nous vous appelons toutes mamans :

S’il te plaît maman, laisse mes seins tranquilles !      

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Article : «Je reviens de Bangui», morceaux choisis de vies brisées
Au grand rythme
25
5 mars 2014

«Je reviens de Bangui», morceaux choisis de vies brisées

Il exhibait le pied droit de papa. Il le tenait entre les bras. Il l’exhibait comme une coupe du monde. Comme un trophée de guerre. Le sang suintait de ce pied qu’il avait arraché à l’aide d’une machette. Tous ses vêtements avaient cette couleur rouge qui caractérisait la mort. Son sourire contrastait avec papa allongé à ses pieds. Le regard vide. Papa était en morceaux.  Papa avait crié. Je n’avais jamais vu papa crier. A un moment, il n’avait plus eu la force de crier, tant la douleur était grande. Je le voyais. J’étais couché en bas du lit, la bouche ballonnée par les mains de maman qui m’empêchaient de crier. Il avait pleuré. Je n’avais jamais vu papa pleurer. Des larmes rouges avaient coulé sur ses joues. Mais, ils avaient continué à découper papa avec la machette. Ils avaient continué à le découper, comme une cuise de poulet à table. Je reviens de Bangui.

Des Centrafricains fuient la guerre. Crédit photo: www.jeuneafrique.com
Des Centrafricains fuient la guerre. Crédit photo: www.jeuneafrique.com

Silence ! Un oiseau vole au lointain. Les bruits d’une moto rompent l’atmosphère.

Une autre voix reprend, hachée :

Je rentrais de l’enterrement de papa. On l’avait tué quelques heures plus tôt. On l’avait découpé dans la mosquée. On m’avait appelé en catastrophe. J’ai quitté ma maison. On a essayé de m’arrêter sans succès. Je voulais voir papa. Je voulais m’assurer qu’il était réellement mort. Non, je n’y croyais pas. Je suis allé. Et je ne l’ai reconnu que grâce à son bracelet qui ne l’avait jamais quitté pendant mes 41 années de vie. Il était parti. Son visage n’existait pas. On a dû recoller sa tête à son corps. Après son enterrement, j’ai voulu partir. J’ai repris le chemin de ma maison, l’âme perdue. En cours de route, je voyais des corps partout. Têtes, pieds, bras… ça et là sur mon chemin. Et soudain, je les ai vus. Ils pourchassaient des gens, armés de machettes, d’armes, des grenades. Ils les lançaient. J’ai été blessé et je me suis évanoui. Ils ont cru que j’étais mort.

Arrêt. Sous un soleil de plomb, ses sanglots me fendent le cœur.

Autre voix :

 Je ne sais pas ce que sont devenus papa et mes deux frères ainés. Ils ont tué Ali. C’est mon petit frère. Il avait seulement 13 ans. Lorsqu’ils sont venus dans notre maison, maman nous a cachés. Ils ont arrêté papa et mes deux grand-frères. Ils les ont conduits hors de la maison. J’entendais seulement leurs cris. J’entendais seulement leurs pleurs. Nous avons aussi vu du sang à l’entrée de notre porte. Beaucoup de sang. Je sais qu’ils sont morts. Mais, Ali ne voulait pas partir. Ils l’ont traîné sans succès. Ils ont été obligés de le tuer. Ils lui ont tranché le cou. Il est mort sur-le-champ. Avant de rendre l’âme, il a crié mon nom. Je l’aimais trop. Quand maman l’a mis au monde, j’avais cinq ans. On jouait ensemble. Quand quelqu’un me menaçait, il venait me défendre, malgré son jeune âge. Il disait toujours, comme je n’étais jamais allé à l’école, qu’il allait m’offrir une grande maison plus tard. Il est mort.

On ne parle plus. Des larmes ruissèlent sur son visage émacié.

Un témoignage :

On a pillé ma maison. Ils ont par la suite mis le feu dessus. Je suis allée me réfugier à l’église. J’ai dû fuir en pleine nuit. Je suis une veuve. Mon mari est décédé depuis 11 ans. J’ai huit enfants. Nous avons marché en pleine nuit jusqu’à la frontière. Je ne dors plus depuis des jours. Je me réveille toujours en pleine nuit. Je revois ces corps sur la route. Ces mares de sang. Je me demande ce que je je deviendrai demain. Et mes enfants ? Je suis sortie avec un pagne. Mes enfants n’avaient même pas de chaussures. Toute ma vie était dans notre maison.

Une voix enrouée par le chagrin. Un corps marqué par des coups reçus. A la machette et au couteau. Son regard me fait lâcher un instant mon téléphone portable. Je l’écoute. Cette maman a l’air fatiguée. Elle semble perdue :

Ma fille était enceinte. On l’a tuée avec son mari. Pourquoi l’ont-ils fait ça. Pourquoi ? Pourquoi ? Elle n’avait rien fait à personne. Elle était gentille, tu sais. Elle voulait toujours aider les autres. Elle était enceinte pour la première fois. Elle devait donner naissance à mon premier petit-fils. J’ai secoué son corps, tu sais ma fille. J’ai cru qu’elle pouvait se réveiller. Son cou était ouvert. Elle était morte. Son mari partait pour venger sa femme. Ils l’ont tué. Un coup de feu. Et il est aussi mort. Je ne sais pas comment j’ai fait pour arriver ici au Cameroun. Je veux aussi mourir. Mon fils avait fui depuis. Il m’a accueillie ici. Mais je veux mourir. Mourir.

Une larme coule sur ma joue. Je l’essuie discrètement et l’accueille. De sa petite voix entrecoupée de sanglots, elle regarde un point imaginaire au lointain :

Elle a retrouvé des morceaux du corps de papa dans la chambre. Ceux de ses trois frères aînés dans la cour de leur maison. Maman était morte depuis des années. Elle est seule au monde. Je ne l’ai aperçu. Elle partait pour une autre ville. A la recherche d’une vie meilleure. Elle est seule au monde.

J’ai aussi rencontré un autre, il avait fait de l’auto-stop de Bangui jusqu’à Douala. Il voulait tout faire pour quitter le Cameroun. Aller loin. Très loin même. Là-bas, quelque part au Maroc. Il a perdu des proches. Plusieurs…

Les histoires sont longues et nombreuses. C’est juste un échantillon. Des morceaux choisis de vies brisées que j’ai voulu vous faire lire…

Je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance…

Je remercie des réfugiés centrafricains (mes frères et sœurs) qui malgré leur peine, ont accepté de partager avec moi ce qu’ils gardaient tout au fond d’eux, ces images d’horreur. Je loue leur courage. On s’est parfois rencontrés dans les locaux du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR à Douala, au consulat de RCA à Douala. Certains parmi vous, la voix hachée, le regard larmoyant, le visage émacié, acceptaient toujours de me raconter ces récits de vie. On s’est parfois rencontrés sous un soleil de plomb, dans ces rues bruyantes de Douala. Je me rappelle d’Awa, Mahmouda, Moussa, Jérôme, Idrissa, Mahmad, Sanko, Miriam… Vous êtes venus à moi, le cœur ouvert. Merci à tous. Je n’ai pas de mots !

Je remercie des Camerounais venus de RCA, mais que dis-je, des Centrafricains. Vous vous considérez comme tels. Après 10, 20, 50, 63 ans passés là-bas. Vous me l’avez dit. Je me rappelle plus particulièrement d’une nuit où je vous ai rencontrés au parking de l’aéroport international de Douala. Vous me racontiez alors ces horreurs qui m’ont fait lâcher prise, honteusement devant ce petit garçon de dix ans, qui revenait de ce pays « orphelin ». Son papa et sa maman avaient été tués, découpés, à la machette devant lui. Je me rappelle encore de tous les autres récits. Tout est encore vif dans mon esprit. Merci !

Merci à un homme (je préfère taire son nom) de l’ambassade du Cameroun en RCA. Je lui dis merci. Il a sacrifié son temps pour me faire comprendre le degré de cette crise qui a mon avis est une honte pour nous (sans distinction de race et de provenance). Elle n’a que trop duré. C’est lui qui m’a poussée, sans le savoir, indirectement, à écrire ce billet sous cet angle. Merci !

« L’homme fort est celui qui sait pardonner ».Baba Mahamet m’a lancé ces mots à la fin de notre longue conversation de cet après-midi au téléphone. On a pillé sa maison d’enfance et détruit tous ses souvenirs. Tout ce qu’on ne retrouve sur aucun marché de la planète. Tout ce qu’on n’achète pas, même avec tout l’or du monde. Malgré tout, il rêve, comme la majorité des réfugiés que j’ai rencontrés. Ils rêvent tous, sans exception, d’une « République centrafricaine unie et solidaire ». Et moi aussi !

N.B : Chers lecteurs, j’ai peut-être été violente dans mes descriptions, trop crue dans mes mots et trop brute dans mon récit. Je m’excuse auprès des âmes sensibles. Mais, je veux vous rassurer. Je n’ai rien inventé. Ce sont des récits de vie. Des confidences qui m’ont arraché des larmes et parfois même l’insomnie. J’ai juste pris des extraits de témoignages pour vous montrer et vous dire qu’il est temps d’essayer à son niveau, de trouver des solutions à cette crise.

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Mon régard indomptable, sans mensonge et sans maquillage sur mon pays

Auteur·e

L'auteur: josianekouagheu
Cet espace est une tribune pour moi; de montrer ce qui se passe dans mon pays, ma ville et mon quartier. A bord de mon blog, je parle de ce qui me tient à cœur, de ce qui ne va pas dans mon pays et surtout de ce qu'il faut faire....

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