Pénurie d’Antirétroviraux: malades en danger de mort au Cameroun
J’écoutais les informations à la radio ce matin lorsqu’une nouvelle a retenu mon attention. «Deux personnes vivant avec le Vih-Sida ont été guéries grâce à une greffe de la moelle épinière aux Etats-Unis», disait le journaliste. Cette nouvelle positive m’a évidemment réjoui avant de me mettre devant la triste réalité. Pendant que sous d’autres cieux, dans d’autres lieux, des gouvernements se battent pour trouver des solutions à l’éradication de la pandémie du siècle, nous sommes encore au Cameroun à l’ère de la pénurie des Antirétroviraux (Arv), médicaments essentiels à la lutte contre le Vih-Sida. Ironique non ?
Six morts déjà
Depuis deux mois environ, plus de 127 000 malades Camerounais ne parviennent plus à avoir accès aux produits composant la trithérapie du Vih-Sida que sont l’Efavireng, l’Aluvia Duovin et le Stocrin Duovin. Que feront-ils? Que deviendront ces malades? Je n’ose pas imaginer leur sort d’autant plus que le ministre de la santé publique justifie ainsi l’action du gouvernement : «Avec nos partenaires, nous nous acheminons vers la solution». Quelle solution ? La vraie question habite pourtant les malades : «Quand aurons-nous les médicaments ? Quand ?». Aucune précision à l’avenir. Certaines indiscrétions parlent déjà de Six morts enregistrés chez les malades en un mois. Pas surprenant!
Pénurie à répétition
Je connais des malades qui doivent parcourir des Kilomètres, dépenser plus de 800 F.Cfa de transport, le ventre vide, pour arriver dans leur centre de distribution d’Arv. Ils sont déjà déséquilibrés. Mais si en plus, ils n’ont pas les médicaments qui empêchent le virus de se promener dans leur organisme et d’éviter par la même occasion la mort, il y a vraiment lieu de craindre le pire. Comment comprendre cette négligence du gouvernement ? Comme résignés, les malades n’ont pas manifesté cette fois contrairement aux années précédentes. «A quoi bon le faire parce que rien ne change de toute façon », se sont-ils surement dit. Cinq ans que ça dure ! Cinq ans qu’il y a rupture de stock des molécules. La pénurie est un fait dans leur vie! Une réalité honteuse pour un pays comme le Cameroun.
Et pourtant, le Fonds mondial de lutte contre le paludisme, le Sida et la tuberculose aide le Cameroun à hauteur de 35% de ses besoins. La Fondation Clinton fournit des traitements pour les enfants. Surprenant que les fonds pour la lutte contre une telle maladie dépende des financements extérieurs. Que fait alors le Cameroun ? Il y a quelques mois, le ministre de la santé publique sollicitait l’aide des âmes de bonne volonté dans le financement de la prise en charge des malades. Vous entendez ? Et pourtant, l’enquête démographique de santé 2012 indiquait une baisse du taux de prévalence du Sida de 4,3%. Les prévisions eux annonçait 6 000 nouvelles infections pour plus de 30 000 décès en 2013. Mais, avec cette pénurie, les morts seront probablement nombreux, dans un pays où les jeunes sont les plus touchés. Je vois d’ailleurs d’ici des malades qui seront licenciés de leur travail pour des absences à répétition, des femmes enceintes stressées. Avec en prime, le chemin de la mort à quelques mètres d’eux. Que c’est triste le Cameroun !
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