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    Lumière du Cameroun
      Article : Immigration : comment des parents camerounais deviennent SDF
      Au grand rythme
      14
      1 juin 2013

      Immigration : comment des parents camerounais deviennent SDF

      Mon voisin était nu. Nu comme un ver. Nu comme le jour de sa naissance, je vous le dis. Il pleurait à chaudes larmes. C’était d’ailleurs la première fois de ma vie que je voyais un homme adulte et normal – en dehors des fous bien sûr – dans cette situation, en pleine rue de Douala au Cameroun.

      Homeless Man Sleeping, par Richie Diesterheft (Flickr/CC)
      Homeless Man Sleeping, par Richie Diesterheft (Flickr/CC)

      Les autres voisins qui avaient accouru essayaient de le calmer, sans succès. Je croyais qu’il avait perdu un proche. Mais, il gémissait à chaque fois : « Je suis mort. Je suis mort », un peu comme Harpagon, le célèbre personnage de L’Avare, pièce théâtrale de Molière. Comme lui, il avait perdu toute sa fortune, pas son « or », mais ses deux maisons, fruit de 32 années de dur labeur. Mon gentil voisin quinquagénaire s’était fait arnaquer en voulant envoyer son fils poursuivre ses études en Angleterre. Pour cela, il avait mis ses deux logements en garantie pour une durée de cinq ans. Il avait récupéré 10 millions de F.Cfa et en avait confié huit à un monsieur qui devait faire voyager son fils. Malheureusement, ce monsieur s’était avéré être un escroc et son numéro de téléphone sonnait « indisponible » depuis.

      Voir ce papa de six enfants dans cette situation, devenir en l’espace de quelques heures un Sans domicile fixe (Sdf), m’a poussée à faire une enquête sur ces « réseaux frauduleux de voyage ». Et au cours de mes recherches, j’ai compris comment, armés des rêves de l’eldorado occidental, dépassés par le chômage de plus en plus croissant au pays, des parents camerounais étaient prêts à tout pour faire voyager leurs enfants, quitte à devenir Sdf.

      Comment ils deviennent sans domicile…

      Les traquenards : ces parents font faire des passeports au double de leur prix, voire au triple. A la fin, certains s’avèrent être des faux, juste parce qu’ils veulent faire vite et ne pas faire les rangs devant les services adéquats. Il faut alors refaire le dit passeport. Juste après, il faut entamer les « papiers proprement dits ». Et surtout, tomber sur la personne qui « a le vrai réseau », cette personne qui vous dit, pince-sans-rire qu’il connaît tous les ambassadeurs, toutes les ambassades, qu’il y entre comme chez son grand-père au village. Pis, que ces diplomates sont ses « amis intimes ». Et si vous doutez, il vous lance avec preuves à l’appui :

      « J’ai fait voyager des centaines d’enfants dans tous les continents. Ils sont aujourd’hui des ingénieurs, grands docteurs… Les blancs ne veulent plus leur laisser partir ».

      Et vous, pauvres parents, habités par ce rêve, vous lui offrez votre fortune sur un plateau en or. Il vous réclame alors encore et encore de l’argent, pour des documents virtuels. Vous ne vous rendez même pas compte de votre état de pauvreté extrême. Si cette personne ne disparaît pas, vous vous rendez compte à la fin, au moment de l’obtention du précieux sésame qu’est le Visa, que rien n’a réussi. Et vous, vous avez tout vendu, même vos maisons. Vous êtes un Sdf.

      Il y a de cela quelques jours, l’histoire s’est répétée de la pire des manières dans mon entourage. Une proche est aujourd’hui sans domicile. Elle voulait envoyer sa fille « se chercher en France ». Pour limiter ses pertes, elle est allée à Yaoundé faire le passeport. Malheureusement pour elle, malgré la présence de quelques policiers qui se tiennent devant la direction de ce service à la province pour dissuader des éventuels malhonnêtes, des escrocs l’ont approchée. Comme toujours ils ont dit :

      « C’est pour faire le passeport madame? Je peux vous le faire en deux jours. Ça vous intéresse ? »

      Moi je n’avais pas cédé à la tentation lorsque j’étais venue pour faire le mien. Mais elle si, comme de nombreuses personnes d’ailleurs. (Le ministre des Transports, Robert Nkili, dit pourtant lutter contre ces escroqueries !).

      Ils ont bien fait le passeport en deux jours. Et vu cet exploit (pour elle bien sûr), elle leur a demandé s’ils pouvaient l’aider à faire le reste des papiers. Et ils se sont frotté les mains. Conséquence : elle a perdu sa maison, celle que son mari lui avait laissé à sa mort en 2004. Et aussi, une dette d’un million trois cent mille F.Cfa (1 300 000). Elle n’a plus de lieu où dormir avec sa fille nantie d’une licence en lettres.

      Pourquoi prennent-ils tous ces risques ?

      Tout simplement parce que ces parents vivent dans la peur des échecs. Pour faire voyager leurs enfants, ils préfèrent se fier aux « hommes des réseaux », plutôt qu’aux services des ambassades. Et la fin est à 85% catastrophique.

      « Mon enfant ne peut pas m’en vouloir. J’ai tout fait« , se consolent ces parents, désormais à la rue. Mais le jeu en valait-il vraiment la chandelle ?

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      Article : Wouri : pourquoi ce fleuve tue. Pourquoi il tue tant des Camerounais?
      Au grand rythme
      12
      24 mai 2013

      Wouri : pourquoi ce fleuve tue. Pourquoi il tue tant des Camerounais?

      Le drame m’a secouée. Il m’a privée de sommeil pendant deux jours et je ne pouvais ne pas en parler. M’offusquer ? Pleurer ? Non, cette attitude n’aurait pas résolu le problème. Il me fallait écrire, le graver quelque part où j’étais sûre de ne jamais l’oublier. Et j’ai pris ma plume malgré mon âme en pleurs.


      J’ai décidé de vous en parler malgré mon cœur meurtri. Deux petits enfants âgés de 12 et 13 ans ont été emportés par les eaux du Wouri, ce fleuve qui traverse Douala, capitale économique du Cameroun. Ce fleuve qui abrite le plus grand port de toute l’Afrique centrale. Cette eau rend Douala, porte d’entrée et de sortie du Cameroun. Deux petits élèves. Leurs corps ont été retrouvés par des pêcheurs, deux jours plus tard (ironique non ?). C’est toujours ainsi. Les pêcheurs sont toujours là ! Qu’aurait-on fait sans eux ? Mais où sont les garde-côtes ? Où sont les pompiers censés être les premiers à réagir à ce genre de situation ? Avant ces deux enfants, il y a eu d’autres enfants, il y a eu des hommes, femmes, jeunes, il y a eu 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10…voitures plongées. Rares, très rares survivants côté passagers et chauffeurs. Toujours des morts, retrouvés toujours après des jours de fouille !

       

      Vous pensez que j’exagère? Vous pensez que je me révolte pour rien? Non ce drame a été le drame de trop. Cette noyade, la noyade de trop. On ne compte plus le nombre de personnes que ce fleuve a emportées. On ne compte plus le nombre de famille éplorée que le wouri a laissé. Pourquoi il tue tant?

       Un pont construit en 1955 , aux garde-fous détruits

       J’ai eu la malchance chance de traverser le pont du Wouri des centaines de fois. A chaque occasion, j’étais dans une voiture, rarement sur une moto. Et sans vous mentir, jusque là, je savais que ma vie était en danger. J’avais dans la tête comme en ralenti dans un film, l’image d’une catastrophe et des morts. Je pensais à l’âge du pont, construit quand le parc automobile du Cameroun, de Douala, n’était pas encore élevé. C’était en 1955. Mais aujourd’hui, tout a changé. Les voitures ont augmenté. Les experts le réclament à chaque occasion malheureuse (après des morts) : il faut un deuxième pont sur le Wouri. Les réaménagements ne sont plus autorisés. Le président le promet mais quoi ensuite ? C’est l’ère des grandes spéculations réalisations non ?

       Pis, le pont sur le Wouri n’a plus de garde-fous. Les multiples accidents les ont détruits. Il suffit donc d’un vent violent pour projeter le passant rêveur au fond de l’eau. Il suffit d’un moment  d’inattention et des élèves prudents, qui rentrent tranquillement dans leur maison, après une journée de cours, se retrouvent plongés dans le fleuve. Et l’automobiliste ivre a 97% de chance de se retrouver dans le fond du Wouri et de côtoyer la mort.

       Quand voies ferrée et routière cohabitent…le drame n’est jamais loin

       Ce n’est pas tout. Aux heures de pointe, les embouteillages monstres du pont donnent des sueurs froides aux policiers. Et des peurs atroces bien sûr ! Vous savez pourquoi ? Entre les aller et venue des voitures, se trouvent les rails du train. En d’autres termes, la voie routière côtoie la voie ferrée. Imaginez que le train arrive à ce moment là ? Je pense que l’état de catastrophe sera décrété au Cameroun. A quand la reconstruction des garde-fous sur le pont ? A quand des garde-côtes au bord du fleuve ? A quand le deuxième pont sur le Wouri ? Les annonces se multiplient mais rien ! A cette allure, avec ces morts qui ternissent l’image du fleuve Wouri, je pense que je serai un jour prophète.

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      Article : Liebster Award : je blogue comme mes confidences
      Au grand rythme
      14
      20 mai 2013

      Liebster Award : je blogue comme mes confidences

      Ça y est ! Mon tour est arrivé. Le bateau a accosté à mon port. Je dois prendre les rênes en tant que capitaine: conduire la flotte Liebster award. Je n’ai pas le droit de décevoir mes quatre fidèles passagers qui m’ont fait confiance. Nora Noviekou, Salma, Limoune et Thierno Diallo ont pris leur quartier dans le navire. Le principe est simple. Au cours de la traversée, je dois leur parler de moi en 11 façons différentes. Ensuite, je dois répondre à leurs 11 questions. Sur quoi ? Vous allez le découvrir. Je dois aussi nommer 11 autres passagers à qui je poserai 11 questions tout en créant un lien vers eux. Je sais juste qu’entre le bruit des vagues et le dandinement du bateau, la causerie s’annonce appétissante. Normal, c’est le grand capitaine David Kpelly qui a institué le jeu :

      Liebster Blog Award qui signifie « Prix du Blog Aimé »

       Bon l’orage pointe à l’horizon. Il faut que je me confie avant son arrivée : 11 choses sur moi !

       1- Un jour, je suis en Terminale C au lycée. Je suis la rédactrice en chef du club journal du lycée. L’institut Goethe vient d’offrir une bibliothèque flambant neuve à mon établissement et ça se fête. Il y a à manger, il y a service traiteur. Et après, les enseignants rassasiés, ramassent les restes de bouffe et s’en vont chez eux avec, sous le regard affamé et envieux des élèves de 6ème,  5ème,  4ème et 3ème,.  Je suis en colère. Le lundi suivant, lors du rassemblement, devant des centaines d’élèves, je lis ma chronique à la fin du journal. Elle est applaudie. Et quelques minutes après le rassemblement,  les responsables du club sont convoqués par les censeurs qui nous parsèment d’injures et d’avertissements. «Si le proviseur avait été là, tu aurais été exclue définitivement Josiane Michaël Kouagheu», me lance le coordonnateur de notre club et par ailleurs censeur, en colère. « Et pourquoi ? », demande-je innocemment. « …». Il ne sait que répondre. J’ai dit juste et je suis punie, pense-je. Depuis ce jour, je comprends pourquoi les innocents vont en prison. Et moi, j’ai juré de lutter pour les sans voix…

      2- Je suis née un 29 septembre. Je suis donc de signe balance ce qui m’a toujours intriguée, car voyez vous, j’ai tendance à être déséquilibrée dans ma vie. Mon amie Marie-Louise pense parfois que je suis «miss catastrophe».

      3- Je suis l’unique fille d’une fratrie de trois. J’ai deux petits frères que j’adore.

      4- J’aime lire et écrire. L’écriture et la lecture sont mes thérapies contre les injustices du monde. Je m’y refugie régulièrement. Je m’y perds comme au milieu de nulle part. Et du coup j’oublie le monde qui m’entoure. D’ailleurs, je me suis toujours dit que si mon futur mari demandait à m’offrir un cadeau, je lui dirai tout simplement : «offre moi une bibliothèque». C’est mon rêve le plus fou.

      5- Mon livre de chevet ? «Une part de mon âme », de Winnie Mandela. Le courage de cette femme, sa rencontre avec Nelson Mandela, ses combats y sont décrits. Ça m’encourage.

      6- Mes fiertés littéraires ? Le prix du mérite au concours Naji Naaman que j’ai obtenu en 2011 au Liban avec mon poème «femme verte». J’étais la seule lauréate de l’Afrique subsaharienne. J’étais bien contente de moi. Et mon recueil de poèmes intitulé «Eclairs», paru aux éditions Edilivre en France.

      7- La campagne et moi ? Je m’y sens chez moi. Au village, en pleine forêt, j’écoute avec plaisir les chants des oiseaux. Je grimpe sur les arbres. Et surtout sur le « petit prunier de Michaël » (Josiane). Papy me l’avait offert. J’y vais tous les ans.

      8- Le journalisme et moi ? Un amour que je n’explique pas. Faire des reportages et enquêtes sur la vie des petits Hommes, les dangers auxquels ils sont exposés, les réseaux de fraude, une île abandonnée, étudiants… Il y a trop d’injustices dans le monde et dans mon pays, le Cameroun en particulier.

      9- Mes grands défauts? Mes proches accusent une timidité que j’essaie pourtant de vaincre tous les jours, mon impatience, ma curiosité et mon caractère impulsif.

      10- Ma pire crainte? Perdre ma maman. Je travaille dur pour l’offrir un jour ce qu’il y a de meilleur pour elle.

      11- Je n’aime pas les fêtes. Ni le bruit des boîtes de nuit. J’aime la musique. « Heal the world », de Michaël Jackson reste l’une des chansons que j’adore le plus. C’est la sonnerie de mon téléphone. J’aime aussi rester devant un ordinateur, chercher les nouveautés sur internet. J’aime par contre à moitié les réseaux sociaux. Je suis donc partiellement dans la génération 2.0.

       Ouf l’orage n’arrive toujours pas. Bercée par le silence de la mer, je tends l’oreille à mes quatre passagers. C’est la phase des questions-réponses :

      1- Quel est le nom de votre blog et quel est votre message phare que vous passez ? (Nora Noviekou) : Mon blog est Lumière du Cameroun. C’est en d’autres termes mon regard sans maquillage et sans mensonge sur mon pays.

      2- Jusqu’à quel point pourrais-tu défendre tes idées ? (Limoune) : Jusqu’à faire entendre raison à mon interlocuteur, malgré tout.

      3- Que faites-vous de particulier pour ne pas imiter les autres blogueurs ? (Salma) : j’écris ce que je vis, ce qui m’interpelle. Cela ne pourra pas être la même histoire que celle vécue des autres blogueurs.

       4-L’amour proprement dit existe-t-il de nos jours ? (Thierno Diallo) : cela dépend de l’amour. S’il est maternel, je pense qu’il existe. Mais, pour l’amour entre un homme et une femme, j’en doute, même si je ne sais pas trop ce que c’est. Autour de moi, je vois des hommes qui vont vers des femmes pour leurs corps. Et les femmes vont vers les hommes pour leur argent.

      5- Quel est votre vœu le plus cher? (Nora Noviekou) : comme je l’ai déjà dit, réussir dans ma vie et offrir ce qu’il y a de meilleur à ma mère.

      6- Que veux dire pour toi la solidarité ? (Limoune) : pour moi, c’est un sentiment qui vous pousse à aider l’autre sans regarder la couleur de sa peau, son appartenance sexuel, religieux, régional et encore moins sa classe social. C’est surtout ce sentiment qui réunit les hommes.

       7- Comment voyez-vous l’avenir des blogs et des blogueurs? (Salma) : bloguer, c’est exprimer ses opinions, interpeller, informer et éduquer en quelque sorte. Avec le développement des Tics qui réunit le monde en un village planétaire, je pense que les blogueurs ont un avenir positif, même si certains sont menacés. On ne pourra rien contre eux

      8-Pour vous, quel est le but de la vie ? (Thierno Diallo) : c’est faire ce qu’on aime sans regret. Réussir par ses propres moyens en gardant sa dignité.

      9- Désormais pouvez-vous vous passer de Mondoblog ?pourquoi ? (Salma) : Malheureusement, je ne peux plus me passer de Mondoblog. Tout simplement parce que cette plateforme caractérise pour moi l’autre manière de comprendre le monde. L’actualité vue de l’œil des mondoblogueurs.

       10- Blogguer sans internet, c’est possible ? (Limoune) : impossible car pour vulgariser leurs écrits, les blogueurs ont besoin de ce réseau qui leur permet de les rendre lisibles au monde.

      11-Quelle personne appelez-vous belle ? (Thierno Diallo) : La beauté est morale pour moi. La personne qui a un bon comportement, qui respecte les autres et milite pour la paix est belle.

       De loin, j’aperçois la côte. 11 nouveaux passagers attendent l’arrivée du Liebster award :

      Je serai bientôt avec eux et je veux savoir 11  choses sur eux :

      1-Quel est le personnage que vous admirez le plus au monde ? Et pourquoi ?

      2-Si demain était votre dernier jour sur terre, que ferrez-vous avant de mourir ?

      3-Pour vous, c’est quoi l’idéal féminin ou masculin ?

      4-Que savez-vous du Cameroun ?

      5-Décrivez-nous le plat traditionnel de votre pays ?

      6-Que pouvez-vous changer dans votre pays ? Et comment ?

      7-Je vous offre un sol plein d’or ou fertile pour toute récolte?

      8-Votre premier geste face à un danger qui guette votre famille ?

      9-Résumez en trois lignes le livre que vous aimez le plus…

      10-Décrivez-vous en cinq mots?

      11-Parlez-nous de vous en cinq dates importantes ?

      Ils vont parler…

       Cyriac Gbogou, mon idole version combat

      Florian Ngimbis, un kongossa qui invite à la lecture

      Suy Khalofi, quand l’éléphant prend en otage l’actualité

      Carlos, le Ghana en joie et en pleurs

      Faty Kane, le Sénégal vu de chez-lui

      Mapote Gaye, ma plume fière made in Teranga

      Michel Thera, un regard limpide sur Bamako

      Fatouma Harbar, un amour à travers cette plume du Mali

      Etienne Billy, le monde vu sous la plume de Billy

      William Bayila, mon courage made in Cameroun

      Kpénahi Traoré, ma voix du Faso

      Enfin ! J’ai accosté. Et c’est autour des 11 autres passagers d’embarquer avec le Liebster Award. J’espère qu’ils sauront faire face à l’orage si jamais il arrive…

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      Article : Cameroun: des enfants au cœur du gouffre tribaliste
      Au grand rythme
      6
      10 mai 2013

      Cameroun: des enfants au cœur du gouffre tribaliste

      Il y a des maux qui divisent le Cameroun. Il y a le tribalisme qui l’embrase. Lorsque Danielle a parlé d’un billet collectif sur « les formes de rejet », j’ai pensé à plusieurs choses. J’ai eu une scène en tête: il y a de cela quelques mois, j’ai assisté à ce que je considère comme le plus grand scandale de l’église catholique au Cameroun. L’université Catholique d’Afrique centrale (Ucac) a été secouée par une histoire tribaliste. Des hauts cadres de l’établissement, des hommes de l’église pour certains, s’insurgeaient contre le fait que des enseignants et étudiants de la région de l’Ouest étaient majoritaires dans plusieurs facultés telles la faculté des Sciences sociales et de gestion. L’affaire avait tenu en haleine le Cameroun. C’était d’autant plus ironique qu’il s’agissait de l’église. «Dieu ne distingue pas les régions», dit-on toujours. «Mais alors, si l’église pose ce genre de problème, où est l’avenir ? ». Je me suis interrogée! Et les enfants dans tout ça ?

      Au milieu de ces débats tribalistes soulevés, j’ai toujours eu peur de l’avenir des enfants. Je m’interrogeais sans cesse sur ce qu’ils pensaient. Je voulais surtout savoir si au quotidien, dans leur famille respective, le problème tribaliste existait. Pour avoir le cœur net, j’ai décidé de m’investir sur le terrain. J’ai interrogé plus d’une vingtaine d’enfants. Certains parmi eux étaient âgés entre 7 et 13 ans, d’autres entre 15 et 18 ans. Pour ces derniers, adolescents pour la plupart, j’ai voulu avoir une idée sur leur passé. Les informations que j’ai recueillies m’ont donné des sueurs froides :

       Enfants âgés entre 7 et 13 ans…

      «Il est trop chiche. C’est un vrai bamiléké. Je ne veux plus être ami avec lui». La petite Linda, 8 ans, ne cache pas sa colère contre son petit voisin de banc du Cours élémentaire 2 (CE2). Prince a refusé de lui casser une petite partie de son bonbon. Et du coup, la petite Linda sait pourquoi il l’a fait. Et j’ai voulu savoir d’où lui venait cette idée. Réponse :

      «Je comprends quand maman parle. Elle dit toujours que les Bamilékés sont chiches. Ils ne donnent pas leur chose aux gens qui ne sont pas de leur village». Linda est originaire de la région de l’Est du Cameroun. Les Bamilékés sont originaires de l’Ouest, comme le petit Prince.

      Et comme si cela ne suffisait pas, j’assiste constamment aux scènes de jeu des enfants. Et quand survient une bagarre :

      «Regarde comment il est sale comme le porc. Il fait comme un Dshang (Ouest)». Et des éclats de petites voix s’élèvent. «Et toi tu es mince comme un Yaoundé (Centre). Je ne peux même pas être ami avec toi». Et à l’autre de rétorquer : «Tu penses que moi aussi je veux ? Je ne veux pas que ta famille me prenne dans  la sorcellerie». Le petit Junior n’a que 7 ans. Et pourtant, il écoute ses parents parler des Bouda, ressortissants d’un village de l’Ouest Cameroun, comme des grands sorciers. Idem pour Francesca, 12 ans, qui se dit que les hommes Haoussa (Nord-Cameroun), marchent toujours avec des longs couteaux, et tuent quand ils sont attaqués. «Papa le dit parfois », justifie-t-elle. La petite ne veut d’ailleurs pas d’un mari pareil.

       Entre 15 et 18 ans…

      Ici, j’ai interrogé plusieurs filles. Et je me suis rendue compte qu’elles avaient dans leur tête, des interdits parentaux pour tel ou tel garçon ressortissant de telle région du Cameroun :

      Eloïse a 16 ans. Elle vient de la région du Centre Cameroun. Dans la tête, elle a toujours des conseils de maman au frais. «Elle me dit que je ne dois pas sortir avec un Bamiléké car il ne peut pas bien prendre soin de moi. Son argent a les yeux». Et Vanessa qui au contraire, sur conseil de papa, ne peut pas sortir avec un homme du Centre car, «Ces hommes sont des coureurs de jupon. Ils dépensent beaucoup. A la fin, n’ont même pas d’endroits où dormir». Michelle est de la région de l’Ouest. Mais, d’après ses parents, elle doit éviter des camarades qui viennent des villages voisins : « Les bafangs sont hypocrites. Les Bangangtés aiment le commérage. Les Bafoussam aiment exploiter… »

       Chez les garçons, les interdits sont les mêmes…

      Et à leur jeune âge, élèves brillants, leurs têtes sont remplies d’idées tribalistes. Que deviendront-ils demain ? J’ai les larmes aux yeux comme ce célèbre professeur d’université camerounais, Pr Jean Tchougang, qui disait: «c’est toujours très douloureux de constater que des considérations régionalistes entrent par effraction à l’académie pour neutraliser les circuits de l’objectivité, du savoir, du mérite et de l’excellence ». 

       

       

       

       

       

       

       

       

       

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      Article : Cameroun : entre intimidations, violences et mauvaises conditions de travail, les journalistes résistent
      Chez nous
      7
      3 mai 2013

      Cameroun : entre intimidations, violences et mauvaises conditions de travail, les journalistes résistent

      D’après reporters sans frontières, 174 journalistes sont actuellement emprisonnés dans le monde. Et lorsque j’ai suivi ce chiffre comme toujours, je me suis rappelée de mes débuts. Lorsque j’ai dit à mes proches que je voulais faire des études de journalisme, j’ai eu droit à plusieurs réactions. Certains voulaient savoir si le métier rendait riche. D’autres, plus craintifs, me suppliaient de changer tout simplement de filière. «On tue trop les journalistes. Certains sont même emprisonnés à vie», tentaient-ils de me convaincre. C’était peine perdu.  Et aujourd’hui, après avoir passé du temps avec mes enseignants, journalistes pour la plupart, après avoir côtoyé des salles de rédaction, je comprends leur inquiétude. Non, le journalisme ne rend pas riche. Oui, l’exercer au quotidien au Cameroun n’est pas chose aisée.

      RSF

      Entre intimidations et violences…

      Entre 2012 et 2013, j’ai suivi avec tristesse, le traitement fait aux journalistes dans mon pays:

      Après la publication par le journal l’œil du Sahel, d’un article intitulé : «31 membres de Boko Haram livrés au Nigéria par la police», le 27 décembre 2012, Guibaï Gatama, le directeur de publication du journal est enlevé le lendemain alors qu’il se trouve dans un restaurant à Yaoundé. Il est conduit au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed). L’enquêteur chargé de l’interroger ne sait même pas de quoi il est question. Il est obligé d’aller se renseigner avant de revenir. «Ils voulaient que je leur révèle mes sources», a expliqué Guibaï Gatama après sa libération autour de 21 heures ce jour. Et moi je m’interroge sur le but de ce genre d’arrestation.

      Xavier Messe, le directeur de publication du quotidien Mutations et par ailleurs l’un de mes enseignants, a dû porter plainte le 24 octobre 2012 contre Bertrand Mboa Atangana. Ce dernier estimait que Xavier Messe «avait Sali le nom de son épouse en l’accusant d’avoir détourné 850 millions à la Camwater (camerounaise des eaux)». Outré, il a menacé le Dp. Dans la plainte de Xavier Messe, on pouvait d’ailleurs lire : «Il faut que tu saches  qu’à partir de maintenant, ta vie est en danger». Une menace qui n’a pas dissuadé le journaliste de continuer son travail. Tout comme Christian Locka, journaliste à l’agence de presse Jade, menacé de mort. Après avoir publié un article sur  une commerçante violée dans une cellule pour hommes dans un commissariat à Yaoundé, le journaliste a été menacé par le commissaire.

      Dépénalisation du délit de presse…

      Et moi, j’ai demandé ce qu’on pouvait faire pour arrêter ces violences et intimidations: «dépénaliser les délits de presse», m’ont répondu plusieurs aînés. Ainsi, m’ont-ils expliqué, les journalistes n’auront plus peur de dévoiler certaines informations et courir le risque d’aller en prison. Ils m’ont dit qu’il fallait une relecture de la loi sur la communication sociale au Cameroun du 19 décembre 1990 portant sur la dépénalisation. Ce matin encore, j’entendais dans une radio, le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, dire que : «le délit de presse ne se traduit pas par une privation de liberté, mais par des amandes». Et, s’agissant du cas de Jean marie Tchatchouang, directeur de publication du journal  paroles, inculpé pour diffamation et écroué à la prison centrale de New-Bell à Douala depuis quelques mois, Issa Tchiroma explique que: « c’est parce qu’il a commis un délit de droit commun à travers la presse».

      Mauvaises conditions de travail…

       Le journalisme ne rend pas riche. Ça je le savais déjà. Seulement au Cameroun, on ne vit pas non plus de ce métier. Si on pouvait satisfaire ses besoins élémentaires, cela pouvait se comprendre. Je vois certains de mes aînés courir après les perdiem (argent remis après les conférences de presse), harceler les organisateurs des évènements. «Il n’y a rien pour nous ? », demandent-ils parfois sans honte. Au début, j’étais outrée par cette attitude. Mais, à force de dialoguer avec mes enseignants, j’ai compris beaucoup de choses. «Certains journalistes ont des salaires de clochard. Des arriérés de salaire allant jusqu’à trois mois. Le milieu va mal. Voilà le véritable problème. Les journalistes ne sont pas bien payés », m’explique Charles Nforgang, journaliste à Jade.

       J’ai demandé comme toujours ce qu’on pouvait faire :

      Les aînés m’ont dit qu’il fallait que les patrons de presse appliquent la convention collective, qui précise la grille salariale des journalistes. Seulement, les patrons ne sont pas d’accord. «Je ne vois pas un directeur de publication payer des journalistes à 400 000 F.Cfa dans le privé. Le marché de la publicité est dominé par les médias publics. Nous n’avons pas de véritable subvention », m’a expliqué le Dp d’un organe de presse.

      Je sais que le métier est précaire. Je sais que la presse va mal au Cameroun. Mais comme me le dit constamment Denis Nkwebo, rédacteur en chef adjoint du quotidien Le Jour, «il faut travailler, s’imposer et le reste viendra ensuite ».

       

       

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      Article : Sénégal: dans l’univers d’Afia, une petite radio communautaire
      Au grand rythme
      6
      25 avril 2013

      Sénégal: dans l’univers d’Afia, une petite radio communautaire

      A Dakar, dans le cadre de la formation Mondoblog, j’ai voulu visiter une radio. Pas une radio aux accents économiques avec de nombreuses publicités à l’appui. Non, je voulais visiter une radio au but social exclusif. Une radio en qui la population pouvait s’identifier. Un instrument de conseil, de sensibilisation et d’aide au peuple. C’était d’une radio communautaire que je voulais. Au Cameroun, lorsque je vais en vacances dans mon village dans l’Ouest, je suis si accrochée à la radio Midumba, une radio qui distille des programmes agricoles à sa population majoritairement constituée de cultivateurs. Des conseils aux femmes et dont l’antenne n’est pas pour «une catégorie de personnes». Elle est surtout différente des radios que j’écoute à Douala et dont les programmes sont choisi par but économique. A Dakar, capitale sénégalaise, j’ai appris qu’il y avait 6 radios comme Midumba. J’ai  décidé d’en visiter une, la petite radio communautaire Afia, qui signifie « paix et épanouissement », la 93.O FM.

      Afia, une radio communautaire -By Josiane Kouagheu
      Afia, une radio communautaire -By Josiane Kouagheu

      Dans l’univers d’Afia

      Accompagnée de Mapote, mon guide sénégalais par excellence, la Guadeloupéenne Mylène Colmar et l’homme du Mali, Michel Thera, mon binôme, j’ai débarqué dans l’univers d’Afia, une radio communautaire crée en 2003. Elle a été initiée par un groupement de femmes réunies autour d’une mutuelle d’épargne et de crédit qui se sont fédérées grâce à l’aide de l’ONG, Enda Graf Sahel. Située en plein cœur du quartier Grand-Yoff, l’un des plus pauvres de Dakar, la radio Afia occupe le deuxième niveau d’un immeuble à deux étages. Une situation géographique conforme à la population, je me suis dit. Car, la radio Afia a pour but d’informer, de sensibiliser, de promouvoir, de mobiliser et d’éduquer les habitants. Pour le faire, elle noue des partenariats avec la commune et la mairie de Grand-Yoff. Leurs messages et activités sont divulgués à la population via la radio.  Avec pour mission de service public, Afia n’a pas de publicité. Elle travaille plutôt en étroite collaboration avec des Ong. Les 15 émissions de la radio sont d’ailleurs essentiellement des programmes consacrés aux femmes, aux artisans et aux handicapés. Ils sont interactifs pour la plupart.

      Les émissions les plus célèbres d’Afia

      L’émission la plus célèbre, celle qui draine le plus d’appels des auditeurs est : «Voyance en direct ». Un programme qui donne la possibilité aux auditeurs d’appeler les deux «marabouts» (voyants) du plateau, Abdalah et Mara, pour exposer leur problème et trouver des solutions. «Dialogue social », qui occupe la tranche d’antenne 16h-17h30 est un programme de débat. Il permet aux journalistes, hommes et femmes de débattre des faits sociaux qui nuisent à l’épanouissement de la population. Chaque émission a son club d’auditeurs dans des quartiers de Dakar.  Les émissions sont diffusés en français, anglais, wolof, sérère…

      Entretien avec la directrice d’Afia, Penda Ngame Sougou

       Lors des inondations qui ont frappé le Sénégal en septembre 2012, la radio Afia perd son antenne qui lui permet d’émettre à travers la ville. Penda Ngame Sougou, la directrice de la radio, ne baisse pas les bras. Elle mobilise des partenaires, fait passer des messages et obtient en fin de compte, l’antenne. Une ténacité qui force le respect de ses collaborateurs. Pourtant,  la jeune femme n’a pas voulu occuper ce poste de directrice au départ.
      «Avant le décès du directeur en 2011, j’étais chargé des programmes à la radio. A sa mort, on m’a proposé de le remplacer. Je ne voulais pas. J’ai même proposé quelqu’un d’autre, mais ils n’ont pas voulu», se souvient Penda Ngame Sougou. Aujourd’hui, elle s’y plaît dans le rôle, même si le défi est immense pour la gestion d’une telle radio.

      Un des prix glané par Afia- By Josiane Kouagheu
      Un des prix glané par Afia- By Josiane Kouagheu

      Une radio inondée de prix…

      Et comme dirait quelqu’un, le travail paye. Et Afia glane des prix ! Le dernier en date remonte au 9 février 2013 où elle gagnait le prix du citoyen modèle, délivré par l’Association des jeunes cadres d’entreprises et intellectuels sénégalais. En 2007, la radio a été lauréate au Mali lors du festival des ondes et de la liberté. Notamment, dans le rôle d’une radio communautaire dans la lutte contre le Sida. En dehors de ces prix, la radio Afia a 6 diplômes d’honneur délivrés par les Associations sportive et culturelle (ASC). Des diplômes qui récompensent son travail d’écoute de la population.

      Fiche de renseignements radio Afia :

      Radio Afia FM – Sénégal

      Fréquence Emplacement :93.0 MHz

      Année de création: 2003

      Situation géographique:  quartier Grand-Yoff

       Budget: 30 millions de F.Cfa

       Membres:

      -18 membres permanents à Afia

      -38 collaborateurs

      Nombre d’émissions: 15

      Nombre d’appels par mois:  100 000

      Courriel: radioafiafm@yahoo.fr

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      Article : Ma Gorée d’exil
      Au grand rythme
      14
      21 avril 2013

      Ma Gorée d’exil

      J’y étais! J’étais à Gorée. Mes pas ont frôlé cette terre, mes narines ont humé cet air, mon regard a gouté à sa mer… Après avoir écrit 9 poèmes sur l’île, j’ai toujours envie de pleurer, mais surtout de danser, de chanter, de sauter, de m’évader. Mon choix a été difficile, ce poème n’est pas le meilleur, il n’est non plus le mauvais. Je l’ai choisi pour vous:

      La mer vue de la porte sans retour- by Josiane Kouagheu-
      La mer vue de la porte sans retour- by Josiane Kouagheu-

       

      Ma Gorée d’exil

       

      La mer était calme ce jour

      Comme l’innocent Bonjour

      Du sourire d’amour

      Sur les lèvres d’enfant.

      Les vagues s’étaient adoucies

      Un soleil s’était invité

      Sur un ferry,

      Qui allait quelque part

      Sur la baie de Dakar.

      Et soudain

      Au lointain

      J’ai aperçu un bloc de terre

      Clair comme un verre

       

      A pas de tortue

      L’âme perdue

      J’ai frôlé Gorée

      Jadis l’île aux esclaves,

      Pleine de spectacles

      Il y avait la mer et le sable

      Le sable et la mer

      J’étais à Gorée

      Solitaire et pourtant au milieu des autres

      Ma Gorée étendait sa force

      Comme un matin de printemps

      Fière.

       

      Dans sa maison d’esclaves,

      L’âme apeurée avait disparu

      Les corps mitraillés s’étaient perdus

      Dans la mer.

      Oh ! Que de souvenirs!

      J’ai poussé des soupirs

      Et aucun coup de fouet

      N’a ébranlé ma tranquillité

      Mes pas ont fait des bruits

      Et nul n’a emprisonné mes nuits

      Je suis allée à la porte sur la mer

      La dernière qui jadis me reliait à ma chair,

      Sans crainte d’aller vers d’autres terres

      Inconnues comme le visage du passant

      Imprévisibles comme le nouveau matin

       

      Et des images ont hanté

      Mon esprit plongé dans le passé

      Point de mains enchaînées

      Point de maîtres déchaînés

      Point d’âmes enragées

      Juste une Gorée de souvenirs

       

      Je n’étais plus un homme

      Je n’étais plus une femme

      Je n’étais plus un enfant

      Je n’étais plus un récalcitrant

      A Gorée, j’étais un visiteur

      Libre comme ses enfant-nageurs

      Fier comme ses malins pêcheurs

       

      J’ai croisé des souvenirs

      J’ai dialogué avec l’histoire

      Je ne voulais plus partir

      J’avais trouvé mon reposoir

       

      A Gorée, ma terre d’exil

      Chez elle, mon âme est en exil

      Comme l’hirondelle au champ de mil

      Oh Gorée, Gorée! Ma Gorée d’exil !

       

      Dakar, un petit matin du 9 avril 2013.

       

       

       

       

       

       

       

       

       

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      10. avril
      2013
      Au grand rythme
      19

      Taxi-charrette, le porte-tout sénégalais

      Comme devant une scène que l’on observe pour la première fois, je reste environ deux minutes sans bouger. Je regarde, toute étonnée. Un cheval marche le long du trottoir. Il est soutenu par une charrette deux-roues surmontée des planches où sont disposés quatre sacs. Un jeune garçon, la vingtaine, tient les rênes de l’étalon qu’il fouette de temps en temps pour le forcer à aller plus vite. Par moment, une voiture s’approche si près du cheval et on pense subitement qu’il y aura accident. Que non! Il n’y a pas d’affolement dans la foule qui semble indifférente au danger. Elle est comme habituée. Et je comprends pourquoi : un deuxième cheval arrive, un troisième, puis un quatrième…Tous partagent la chaussée avec les voitures. Je remarque surtout qu’ils transportent uniquement des marchandises, pas des hommes. Et je m’exclame : mais à Douala au Cameroun, c’est un porte-tout, notre pousse-pousse national, qui fait tout ce travail ! «Ici ce sont nos taxi-charrettes», m’explique gentiment un Sénégalais, tout heureux d’aider cette touriste émerveillée. Du coup, ma curiosité est en éveil. Nous sommes le lendemain de mon arrivée au pays de la Teranga, un samedi.

      Un taxi-charrette- Par Josiane Kouagheu
      Un taxi-charrette- Par Josiane Kouagheu

      Deux jours plus tard, lundi, je me retrouve au quartier Sacré-Cœur III, en face de la boulangerie jaune de Dakar, l’une des multiples gares de taxi-charrette de la ville. Je suis en face de Faye Pape, 52 ans, paraissant 10 de plus. La peau brûlée par le soleil, preuve de ses 35 ans de conduite, les vêtements usés, le quinquagénaire m’explique, sourire aux lèvres, étoile teintée de tristesse dans le regard, sa vie de charretier. 35 ans qu’il écume les rues de Dakar, transportant gravats, bagages, ordures et toute sorte de marchandises.

      Pape Faye devant son cheval. Par Josiane Kouagheu
      Pape Faye devant son cheval. Par Josiane Kouagheu

      35 ans que cet originaire de Mbabaye, village situé derrière Bambey dans la région de Diourbel, parcourt la ville, à raison de 750, 1000, 1 500 à 2 000 F.Cfa la course, pour venir en aide à ses nombreux clients. Le «vieux » comme l’appellent affectueusement ses collègues, m’explique, nostalgique, ses premiers moments.

      «Mes parents n’avaient pas de voitures. Ils utilisaient les charrettes pour se déplacer, transporter les produits des récoltes et se rendre en ville. Je suis né en 1961, j’ai connu ce mode de transport. C’est plus facile et moins cher, de transporter ses marchandises dans des charrettes à Dakar. Les taxis coûtent plus chers», m’avoue le père de 13 enfants.

      Et comme pour justifier ses dires, j’aperçois à quelques mètres, un charretier prêt à partir.

      Boubacar sur son taxi-charrette. Par Mylène Colmar
      Boubacar sur son taxi-charrette. Par Mylène Colmar

      Ce lundi, Boubacar Samb transporte des casiers ordinaires. Une course conclue à 1000 F.Cfa. A 33 ans sonnés, il possède déjà son étalon acheté à 450 000 F au village Toubatou, il y a cinq ans. Boubacar m’explique que depuis 6 ans il est «officiellement» charretier. Un métier qui le permet de nourrir sa petite famille, constituée de sa femme Béninoise et de ses trois enfants. Boubacar n’aime pourtant pas ce métier mais il « fait avec». Il le cache d’ailleurs à ses enfants. «Je n’aimerai pas qu’ils soient charretiers demain. Ce métier ne mène nulle part, on survit juste avec. Je souhaite faire autre chose dans l’avenir», me confie-il dans un soupir, comme pour oublier ses heures de dur labeur. Il n’oublie pas la commune qui ne veut plus de taxi-charrette dans la ville. «On dit que ça salie Dakar, on veut nous envoyer ailleurs», me lance-t-il ; le regard perdu. Ils sont chassés par les autorités et leurs taxis confisqués. Il faut alors verser entre 15 000 et 50 000 F.Cfa d’amande. Mais Boubacar, comme de nombreux autres charretiers ne baisse pas les bras. «On a besoin de nous à Dakar. Nous transportons ce que les taxis taxent chers. Les clients nous encouragent dans cette lancée», dit-il convaincant, même si son sourire crispé démontre le contraire.

      N’empêche, l’activité leur permet de vivre, même si les charretiers me parlent plutôt de survie. Et sur un coup de fouet, Boubacar, lance son cheval vers l’avant, vers l’accomplissement de sa course et la recherche des nouveaux clients. Et à Dakar, le vrombissement des moteurs se mélange au bruit des  sabots des centaines de chevaux pour donner une chanson routière propre au peuple de la Téranga.

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      Article : Ma blog-expo: Douala pictures
      Non classé
      12
      3 avril 2013

      Ma blog-expo: Douala pictures

      Bloguer! Je le fais en écrivant des billets, mais aussi en prenant des photos. En promenant mon appareil photo dans les rues de ma ville Douala, je découvre des lieux, des hommes et des femmes extraordinaires. J’ai voulu vous présenter ma première collection, afin, ma première exposition, pas des lieux que vous connaissez forcément. Ma blog-expo. Souffrez si certaines images ne sont pas bien prises, mon objectif est  encore tenu par des mains novices. Bonne visite à vous…

      Il était une fois, le samedi 5 mai 2009, le vol KQ 507 de Kenya Airways s’écrasait à  Mbanga Pongo, non loin de Douala: 114 personnes avaient péri, 5 ans après, il n’y a pas de lycée dans le village…

      "Les habitants leur Ces attendent depuis 2011- by Josiane Kouagheu
      « Les habitants attendent leur Ces depuis 2011- by Josiane Kouagheu

      Et les élèves attendent…

      Des enfants attendent-Crédit photo: Josianekouagheu-
      Des enfants attendent-Crédit photo: Josianekouagheu-

      Djébalé: l’île des pêcheurs, une île oubliée derrière Douala. Et pourtant un site attrayant…

      " Pêcheurs en mer Crédit photo: Josiane Kouagheu"
       » Pêcheurs en mer Crédit photo: Josiane Kouagheu »
      Les pêcheurs en quête de poisson- by Josianekouagheu-
      Les pêcheurs en quête de poisson- by Josianekouagheu-

      Les premières maisons de l’île…

      "Crédit photo: Josiane Kouagheu et Marie Louise Mamgué"
      « Crédit photo: Josiane Kouagheu et Marie Louise Mamgué »

      En parcourant le célèbre carrefour Ndokoti, je me suis rendue compte que le général Charles de Gaulle et Roger Milla y avaient passé quelques jours…

      Le général De Gaulle a passé quelques jours dans cette maison- by Josiane Kouagheu-
      Le général De Gaulle a passé quelques jours dans cette maison- by Josiane Kouagheu-

       Roger Milla aussi…

      Ce petit marché était jadis le terrain où Roger Milla jouait- By Josiane Kouagheu-
      Ce petit marché était jadis le terrain où Roger Milla jouait- By Josiane Kouagheu-

      Venues tout droit du Niger voisin, les femmes nomades Bororos parcourent Douala, à la recherche des femmes à qui elles font des tresses….

      -Elles font des tresses pour pouvoir survivre -by Josianekouagheu-
      -Elles font des tresses pour pouvoir survivre -by Josianekouagheu-

      Et les Maliens aussi vivent au Cameroun, en harmonie avec nous… (assis sur la photo, un patriarche malien)

      Des maliens dans une maison à Douala -by Josianekouagheu-
      Des maliens dans une maison à Douala -by Josianekouagheu-

      Trouver de l’eau est un parcours de combattant. Du coup, on s’abreuve même près des cours d’eau noirâtres…

      Douala a soif -"crédit photo: Josianekouagheu"
      Douala a soif -« crédit photo: Josianekouagheu »

      J’espère que mon Blog-expo vous a plus. C’est juste le début d’une longue série. Douala tout comme le Cameroun a tellement de merveilleux lieux à découvrir et à faire découvrir. De plus, j’étais dans mon village il y a quelque temps, j’ai visité le mont Batcha, l’une des plus hautes montagnes de l’Ouest, attendez…

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      Mon régard indomptable, sans mensonge et sans maquillage sur mon pays

      Auteur

      L'auteur: josianekouagheu
      Cet espace est une tribune pour moi; de montrer ce qui se passe dans mon pays, ma ville et mon quartier. A bord de mon blog, je parle de ce qui me tient à cœur, de ce qui ne va pas dans mon pays et surtout de ce qu'il faut faire....

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