Sex-symbol les femmes journalistes?
Elle porte une jupe qui laisse entrevoir ses belles cuisses dans sa totalité. Sa chemise, déboutonnée à moitié, ressort sa poitrine pulpeuse dans son intégralité. L’homme à qui elle parle semble regarder ailleurs. Son regard est concentré sur une partie précise de son corps. Et, en l’observant de plus près (même si j’imagine déjà la direction de son regard), je me rends compte qu’il observe sa poitrine, d’un regard avide. Elle lui a pourtant tendu le micro. Mais, il répond à sa question d’un ton discret. Je lis une invitation pressante dans ses yeux: « Je te veux, j’ai envie de toi ». Soudain, j’ai eu si pitié du pauvre homme. Il était vraiment dans une mauvaise situation. Il n’était pas le seul d’ailleurs. En promenant son micro, la journaliste a provoqué des désirs de la gent masculine. Parce qu’elle parlait bien? Ou alors parce qu’elle ressemblait à une sex-symbol?
Voilà les questions que n’ont cessé de me poser ceux à qui je racontais cette histoire. Et à dire vrai, moi aussi, je me suis posée cette question.Pourquoi était-elle habillée ainsi? Je suis rentrée quelques minutes dans le passé. « Ah Josiane tu veux être journaliste? Un métier des prostituées? », « les femmes journalistes sont trop faciles, tous les grands types passent dans leur lit »…J’en ai tellement entendu des femmes qui exerçent le journalisme. De ces histoires! Qu’elles jouaient de leur corps, qu’elles n’étaient que des prostituées masquées…Bref, qu’elles n’étaient bonnes à rien! Même les confrères masculins le disent…
Si elle obtient un poste? « Ah, elle a surement couché avec le chef », te rétorquent-ils. Si elle fait une bonne enquête? Mais c’est le chef qui a écrit le papier, disent-ils convaincus. Mais pourquoi? « Tout simplement parce que tu as la malchance d’être une femme ». De porter la jupe et la robe. Et si tu as le malheur de les porter sexy, à la façon d’une sex-symbol, alors tu es une journaliste à la cuisse légère. Et du coup, tu ne seras jamais prise au sérieux. Mais, ils en prennent pour leur dose.
Au sein de ma rédaction, je m’intéresse au monde économique, judiciaire. Et à mon grand bonheur, lors de mon stage académique, il y avait des affaires de l’opération épervier. Du coup, je couvrais ces procès là. Et lors de leur verdict, j’étais présente au tribunal à 1-2 heures du matin. Seule, au milieu des hommes, des machos journalistes. Et cette fois là, ils n’avaient rien à dire. C’est vrai que j’étais en pantalon, mais bon j’étais une femme, présente en pleine nuit dans un tribunal. Mais, c’est une petite concession qu’ils m’accordaient. Leur air dubitatif prouvait qu’ils attendaient le moindre faux pas.
Même si tu t’habille façon grand-mère, ils ont comme une idée arrêtée sur toi, femme journaliste. Ils te rétorquent d’ailleurs: « Comment vous faites, Jackie Kennedy a épousé un président. La compagne de François Hollande est journaliste. Dominique Strauss Kan était marié à une journaliste. La seconde épouse de Laurent Gbagbo était journaliste. Comment vous faites? »
Du coup, quand on envoie les femmes journalistes en mission, on ne leur donne pas équitablement les frais de mission. « Tu vas trouver un homme qui va t’héberger ». Et le salaire? « Mais toi là, tu as un mari non? »…